De Tunis.
Johannes Hahn en charge de la politique régionale et de l’intégration européenne a saisi la tribune des assises internationales des journalistes à Tunis pour distiller un message fort.
Rien ne présageait une telle saillie lorsque le commissaire européen, l’autrichien Johannes Hahn a commencé à lire avec un léger accent en anglais son discours de clôture des premières assises internationales des journalistes tenues à Tunis du 15 au 17 novembre. Et puis, une fois passées les formules convenues et les rappels sur les engagements de Bruxelles dans le soutien à l’émergence d’une presse libre dans les pays du voisinage à l’est et au sud, l’intervenant a abandonné sa feuille pour improviser une longue digression sur l’assassinat du journaliste saoudien Jamel Khashoggi.
Le ton est alors devenu véhément, et Johannes Hahn a harangué l’auditorium de la cité de la culture pour prendre à témoins les dizaines de journalistes et de professionnels des médias. « Nous ne pouvons pas accepter cela. Il ne faut pas que la justice sanctionne les exécutants mais aussi les instigateurs de meurtre », a-t-il répété à deux reprises.
Le commissaire européen a fait allusion à des arguments classiques qui ménagent des traditions culturelles « différentes » pour insister sur le caractère sacré de la vie humaine et le traitement sans complaisance par le droit de cet assassinat. Il a ajouté, sans doute pour ne pas apparaître dans la posture de donneur de leçons que sans arriver à l’extrémité du sort fait à Khashoggi, des pays membres de l’Europe se sont mis à porter atteinte à la liberté de la presse et à la protection des journalistes.
« Nous ne pensions pas que cela pouvait arriver dans l’espace européen. Et bien c’est arrivé. Mais nous faisons ce qu’il faut pour que ces états membres respectent » la liberté sacrée de la presse.
Le commissaire européen faisait probablement allusion aux atteintes au droit des médias dans des pays de l’ex Europe de l’Est comme la Hongrie et dernièrement la Pologne. Une journaliste d’investigation, Daphné Caruana Galizia, a été assassinée dans un autre pays de l’Union Européenne, Malte.
Yasmina Khadra en invité vedette
Les assises internationales des journalistes, largement soutenues par l’Union Européenne à travers notamment l’organisme français CFI, ont été inaugurées jeudi dernier par le premier ministre tunisien Youssef Chahed, mais il n’y avait aucun officiel tunisien de haut rang dans la salle au moment du discours de clôture de Johannes Hahn très offensif contre l’impunité des commanditaires saoudiens de l’assassinat de Jamel Khashoggi.
La cérémonie de clôture a été également animée par l’irruption de l’écrivain algérien Yasmina Khadra en « guest star », venu évoquer en quelques mots la place du journalisme dans le monde connecté d’aujourd’hui. L’écrivain à succès a insisté sur la nécessité de rétablir la confiance entre l’opinion et les journalistes afin de redonner forces à l’information professionnelle face au déferlement de publications sur la toile.