« L’abrogation des décrets par Ouyahia ne témoigne pas d’une volonté de réforme » (Ait Ali) - Maghreb Emergent

« L’abrogation des décrets par Ouyahia ne témoigne pas d’une volonté de réforme » (Ait Ali)

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L’économiste Ferhat Ait Ali explique l’abrogation des décrets relatifs à la création d’une inspection générale et aux licences d’importation par Ahmed Ouyahia  par la simple volonté de « sauvetage illusoire du système », affirmant que « le Premier ministre n’est ni dans la « détebounisation » ni dans une démarche sérieuse de réforme.

 

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a abrogé les deux décrets relatifs respectivement à  « la création d’une inspection générale auprès du Premier ministre », et « aux modalités d’application des régimes de licence d’importation ou d’exportation des produits et marchandises ».

Les deux décrets en question, le décret N  17-205 du 28 juin 2017 et le décret exécutif N  17-202 du 22 juin 2017 modifiant et complétant le décret N  15-306 du 6 décembre 2015 est 17-205 du 28 juin 2017. Ces deux décrets ont été publiés ce dimanche au Journal officiel. 

Une mesure « adéquate»

Selon Ferhat Ait Ali, « l’inspection auprès du Premier ministre » mise en place par Tebboune « est une structure fantaisiste qui remettait en cause l’efficacité douteuse des autres organismes dans le contrôle effectif des dépenses et politiques publiques ». « Nous avons déjà toutes sortes d’appendices de contrôle internes et externes, tous neutralisés et mis au service des luttes de clans et de chapelles. Le ver étant dans le fruit, et la nature du système étant entre l’obstructionnisme et l’aventurisme, cette structure était de trop », est-me-t-il.  Quant au régime de licence d’importation qu’il qualifie de « trouvaille la plus débile du système depuis 2001 », Ferhat Ait Ali pense que c’est une mesure adéquate. Toutefois, il considère que « pour éliminer les licences dans leur mouture de 2015, il faudrait imaginer un frein fiscal, douanier et surtout en matière de change en laissant au marché le soin de réguler la demande interne en fonction de la hausse des prix de certains produits ». En somme, il a approuvée la mesure de Ahmed Ouyahia même si, pour lui, il s’agit d’aller encore plus loin.

Ni « détebbounisation », ni volonté de réforme

Simple « détebounisation » qui se met en branle ou impératif stratégique pour mener « les réformes qui s’imposent » recommandées par le Chef de l’Etat ? Ferhat Ait Ali récuse toute tendance à parler d’un programme Tebboune. « Ni detebounisation ni volonté de réforme.  Pour 80 jours de semi-gouvernance, ponctuée par 20 jours de recherche de soi au début, et 15 jours de vacances à la sortie, Tebboune n’a peu eu le temps de changer la donne à un point presque irréversible, alors qu’il n’avait ni un plan, ni les coudées franches ».

 En ce qui concerne les réformes,  Ait Ali estime que « les réformateurs qui savent où ils vont n’attendent pas que les réformes s’imposent d’elles-mêmes, et les demi-mesures de bricolages pour annuler quelques mesures fantasques ne peuvent être un plan ».  « Croire qu’il existe un plan, dans cette farandole de l’échec et des errements, c’est être ou naïf ou complice. Ouyahia n’a ni le profil ni la volonté d’aller plus loin que le sauvetage illusoire du système avec tous les singes accrochés à toutes les branches, en changeant d’emplacement à l’arbre sans qu’aucun singe ne tombe, et là c’est une illusion philosophique qui va bientôt devenir une illusion d’optique, quand il laissera l’arbre à sa place en essayant de nous convaincre qu’il a bougé par une pirouette », indique-t-il, incisif.

 

 

 

 

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