La Banque centrale et le ministère des Finances algériens doivent rapidement mettre en place des mécanismes pour accompagner les opérateurs économiques souhaitant investir en Afrique, estime l’invité de Radio M, Mohamed Ould Noueigued, P-DG de la Banque centrale de Mauritanie et P-DG du groupe éponyme présents dans différents pays africains dont tout récemment l’Algérie.
M. Ould Noueigued qui s’exprimait en marge des travaux du forum africain d’investissement et d’affaires tenu à Alger du 3 au 5 décembre courant estime que les autorités algériennes gagneraient aussi à faciliter les démarches aux entreprises africaines intéressées par le marché algérien.
« Nos frères Algériens ont besoin de s’exporter. Ils ont un potentiel énorme, ils ont les moyens financiers et matériels et ils sont intelligents et dynamiques » a-t-il assuré en relevant que le retard pris par l’Algérie à investir dans les pays africains est dû à la nature de l’économie qui était la sienne pendant des décennies.
« L’économie algérienne était une économie publique et les entreprises privées n’étaient pas assez développées. Mais depuis une quinzaine d’années environ, on assiste à l’émergence de beaucoup d’entreprises privées algériennes » qu’il faut encourager à aller vers le sud. « L’Afrique a aujourd’hui besoin de l’Algérie tout comme l’Algérie a besoin de l’Afrique » a-t-il souligné.
Pour mettre toutes les chances du côté des investisseurs algériens en Afrique, l’invité de Radio M, évoque des partenariats publics-privés entre entreprises algériennes, mais également des partenariats avec des entreprises opérant dans les pays qui intéressent les investisseurs algériens.
Un modèle suivi, d’ailleurs, par le groupe Noueigued, actuellement présent dans différents pays africains et dans des domaines très variés. Il est présent au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Mali dans l’activité du dragage fluvial où encore en Guinée- Conakry où il produit de l’électricité et où il a installé une banque.
L’Algérie doit mieux communiquer
Le groupe investit dans ce même pays, dans le domaine de la pêche, en partenariat avec l’Etat guinéen et des entreprises locales. C’est précisément de ce genre de montage financier que les opérateurs algériens devraient s’inspirer, selon M. Ould Noueigued.
Sur un autre plan, Ould Noueigued exhorte l’Algérie à mieux utiliser l’outil de communication regrettant que l’effacement des dettes de certains pays africains ait été fait dans la discrétion.
« Seules les ministères de ces pays savent que l’Algérie a fait ce geste, mais pas les peuples. L’Algérie fait des gestes sans contrepartie sans communiquer alors que le monde d’aujourd’hui appartient à ceux qui communiquent » a-t-il déploré.
Ces dettes effacées « auraient pu être transformées en investissements dans les pays concernés ce qui aurait créé des postes d’emploi et tout le monde aurait dit que c’est grâce à l’Algérie ».
Développer l’infrastructure routière entre l’Algérie et la Mauritanie
Il a rappelé que c’est l’Algérie qui a aidé la Mauritanie à avoir sa monnaie nationale, au début des années 1970, là encore sans en tirer aucune gloire. Au sujet de la coopération algéro-mauritanienne, Ould Noueigued estime qu’il est à présent « obligatoire » de développer une infrastructure routière fiable entre les deux pays afin d’améliorer le transport de marchandises.
Un tronçon de 400 à 500 km doit impérativement être achevé pour garantir le transport de marchandise entre l’Algérie et la Mauritanie, a-t-il relevé. L’investissement au Mali est d’autant plus intéressant, dira-t-il, que ce pays donne accès à d’autres pays ayant un grand potentiel commercial.
Pour rappel, le groupe Noueigued a profité de la tenue du forum africain d’investissement et d’affaires pour signer trois accords de partenariat avec l’entreprise algérienne Copresud. Les deux entreprises travailleront désormais ensemble, en Algérie, dans les domaines de la pêche et de la transformation de poisson, de l’agriculture saharienne et du dragage.