« L’Afrique perd 80 milliards de dollars en flux financiers illicites, dont 70% dans les industries extractives, c’est-à-dire les ressources minérales. Ces pertes sont le fait des corporations multinationales, qui pratiquent une large gamme de méthodes de comptabilité particulièrement créatives ».
Le commissaire de l’Union africaine (UA) au Commerce et à l’Industrie, Albert Muchanga, a révélé jeudi que l’Afrique perdait 80 milliards de dollars par an à cause des flux financiers illégaux, une situation qu’il a qualifiée d’obstacle majeur à la transformation économique du continent.
M. Muchanga a tenu ces propos en marge de l’ouverture de la 32e session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA, dans le cadre du 30e Sommet de l’UA à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.
« L’Afrique perd 80 milliards de dollars en flux financiers illicites, dont 70% dans les industries extractives, c’est-à-dire les ressources minérales. Ces pertes sont le fait des corporations multinationales, qui pratiquent une large gamme de méthodes de comptabilité particulièrement créatives », a-t-il déclaré.
En exemple de « comptabilité créative », il a notamment cité la surfacturation et la falsification des prix, pratiquées dans le but d’éviter de payer des impôts ou de déclarer des dividendes. Une autre pratique consiste à concentrer les revenus miniers dans d’autres juridictions.
« La question des flux financiers illicites est prise très au sérieux par les chefs d’Etat et de gouvernement, comme en atteste la nomination d’un Haut comité dirigé par l’ancien président sud-africain Thabo Mbeki dans le but d’exhorter les acteurs concernés à endiguer la fuite de ces ressources vitales hors du continent », a-t-il expliqué.
Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, a également mentionné le fléau des flux financiers illégaux pendant l’ouverture de la 32e session ordinaire du Conseil exécutif. « Toutes les nations africaines sont concernées par la corruption, qui va de pair à divers niveaux avec les flux financiers illicites. Comme pour le terrorisme, il doit s’agir d’une lutte globale, qui ne pourra être remportée que par une action collective. L’année 2018 sera l’année de cette lutte », a-t-il affirmé.
Reconnaissant la menace que ces flux illégaux représentent pour la renaissance africaine, le 30e Sommet de l’UA, qui a débuté lundi, a décidé de se réunir sous le thème « Remporter la lutte contre la corruption : une voie durable vers la transformation de l’Afrique ». Ce sommet bisannuel se tiendra jusqu’au 29 janvier.