Les représentants africains participant à la conférence africaine T20, qui s’est tenue mercredi à Johannesburg, ont appelé le G20 à leur permettre de présenter leurs propres problèmes plutôt que de les faire avancer par d’autres.
La réunion a été organisée par l’Institut sud-africain des affaires internationales, l’Institut allemand de développement et l’Institut pour l’économie mondiale. L’Allemagne est la présidente actuelle du G20 ayant pris le relais de la Chine en décembre 2016. Think 20 (T20) est un réseau des instituts de recherches des pays du G20.
La première conférence africaine T20 a réuni les membres des corps diplomatiques, des groupes de réflexion d’Afrique et des pays du G20, des décideurs d’Afrique du Sud, d’Allemagne, des organisations internationales et africaines.
La conférence vise à trouver un moyen pour façonner la future coopération entre l’Afrique et le G20. Patrick Hayford, ancien directeur du Bureau des Nations Unies pour le Conseiller spécial en Afrique, a déclaré qu’il devrait exister une synergie de partenariats entre des organisations multilatérales telles que les BRICS et le G7/8 et l’Afrique, entre autres.
« L’Afrique doit prendre en charge son propre destin elle-même, l’Afrique doit croire en elle-même et faire avancer son propre agenda et le mettre en œuvre. Le continent doit aussi dépasser l’idée de l’Afrique subsaharienne. Le G20 devrait engager l’Afrique dans son ensemble », a souligné M. Hayford.
Il a noté que l’Afrique est encore divisée, selon les anciens maîtres coloniaux, en francophones et anglophones, ce qui perturberait leur engagement avec le G20. Il a également déploré le fait que 70 à 80% du financement de l’Union africaine (UA) provienne de l’étranger et appelle l’Afrique à être prête à financer ses projets.
Le chef de la gouvernance de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (UNECA), Francis Ikome, a affirmé que le G20 devrait aider à faciliter l’industrialisation et la transformation de l’Afrique. Le G20 devrait aider l’Afrique à promouvoir l’intégration régionale, qui est également la clé pour stimuler la croissance économique.
M. Ikome a déclaré qu’il y avait une diminution du financement externe et que le G20 devait aider à mobiliser des ressources à l’échelle nationale. Le G20 devrait aider le continent à mieux engager la participation des jeunes au développement politique et économique de leur pays.
Il a également indiqué que l’engagement du G20 en Afrique pourrait être perturbé par le nouveau leadership américain qui fait également partie du groupe. Les prises de position de protectionnisme par des dirigeants américains et le Brexit constituent des grands défis pour la coopération entre le G20 et l’Afrique.
M. Ikome a déclaré que « la Chine a exprimé la position africaine pendant son mandat de président du G20, nous aimerions voir plus. Nous ne sommes pas un observateur, mais un participant actif au sein du G20 ».
Thomas Silberhorn, secrétaire d’État parlementaire du ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, a déclaré que son pays était prêt à engager l’Afrique concernant sa position au sein du G20.
« Nous n’avons pas d’agenda caché mais nous bénéficions mutuellement. Nous voulons établir des partenariats basés sur des valeurs partagées, un commerce équitable et des règles », a-t-il signalé.
Le professeur Alan Firsch, directeur de l’École supérieure des politiques et pratiques de développement de l’Université du Cap, a affirmé que le G20 et l’Afrique devraient coopérer pour arrêter les fuites de capitaux illicites, qui a fait perdre à L’Afrique plus de 50 milliards de dollars.
M. Hirsch a déclaré qu’il y a des sorties de capitaux illicites par les sociétés multinationales à travers la mauvaise évaluation des biens et services et d’assurance. Certains sous-estiment leur production afin de déplacer l’argent vers les endroits où ils ne seront pas lourdement taxés. « Nous voulons que le G20 nous aide à rapatrier ces fonds illicites de l’UE vers l’Afrique ».
Il a dit que le Sommet du G20 tenu en Chine en septembre 2016 a fermement rejeté le blanchiment de capitaux, les sorties financières illicites, le transfert de profit et il s’attendait à ce que la Chine et l’Allemagne et les autres membres du G20 fassent tout en leur pouvoir pour assurer la mise en œuvre de la résolution.
John Anyanwu, économiste principal de la Banque africaine de développement, a précisé que les événements qui se déroulent en Europe ne devraient pas perturber l’engagement du G20 en Afrique, faisant référence aux élections en Allemagne, en France et dans d’autres pays de l’UE qui sont membres du G20 pourraient détourner l’intention et l’engagement pour se concentrer sur leurs élections.
Stanley Subramoney, président de NEPAD Business Foundation, a fait valoir que le G20 devrait aider l’Afrique dans sa 4ème révolution industrielle. Il a dit que l’engagement devrait également se concentrer sur la façon de faciliter l’innovation en Afrique, l’amélioration technique et le développement des infrastructures.
« L’Afrique est riche alors que les Africains sont pauvres parce que nous exportons des produits primaires (non transformés) et nous importons les produits transformés. Nous exportons la richesse et nous importons la pauvreté », a-t-il indiqué.
Le professeur Zhu Ming, un spécialiste dans les études d’Asie occidentale et d’Afrique à l’Institut d’études internationales de Shanghai, a indiqué que l’UA devrait représenter l’Afrique dans le G20 et que les marchés émergents comme la Chine, le Brésil et l’Inde partagent une histoire, des défis et des aspirations similaires et ont fait un bon travail pour faire progresser les dossiers africains à l’échelle mondiale et dans des organisations multilatérales.
La conférence de trois jours se termine ce vendredi et devrait déboucher sur un communiqué sur la manière dont le G20 devrait engager l’Afrique, sur quels sujets et sur les représentants du continent dans le G20.
G20 regroupe aujourd’hui l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie, la Turquie et l’Union européenne.