Les autorités algériennes ont annoncé récemment une révision des conditions d’obtention des visas en vue d’accroître le nombre de visiteurs, une initiative qui s’inscrit dans le cadre d’une politique plus vaste visant à stimuler la croissance dans le secteur du tourisme et à diversifier l’économie.
En juin, Amar Ghoul, alors Ministre de l’Aménagement du Territoire, du Tourisme et de l’Artisanat, a annoncé des projets visant à simplifier les conditions d’obtention des visas, en coordination avec le Ministère des Affaires Etrangères, et à faciliter l’entrée dans le pays pour les touristes étrangers. Il est prévu que le nouveau système soit mis en place dans les ambassades et consulats algériens avant la fin de l’été, a déclaré M.Ghoul lors d’une conférence de presse.
M.Ghoul a également fait savoir que le gouvernement envisageait la possibilité d’émettre des visas à l’arrivée dans les aéroports et ports algériens mais aucune décision officielle n’a encore été prise à ce sujet.
Un changement de taille
A l’heure actuelle, les visiteurs étrangers souhaitant se rendre dans le pays doivent effectuer une demande de visa à l’avance auprès d’une mission diplomatique à l’étranger et fournir toute une série de documents pour appuyer leur demande, telle qu’une invitation officielle de la part d’une entreprise algérienne pour l’obtention d’un visa d’affaires.
Ce processus peut s’avérer contraignant ; selon l’indice de la compétitivité du secteur du voyage et du tourisme du Forum Economique Mondial (World Economic Forum, WEF), les visas constituent un obstacle majeur à l’afflux de touristes étrangers dans le pays.
L’assouplissement des procédures de visa intervient alors que les autorités cherchent à accroître la contribution du secteur touristique au PIB et à la faire passer de son taux actuel de 2,5% à 10% d’ici 2030. L’Algérie se classe actuellement à la 123ème place sur 140 pays pour ce qui est de la compétitivité du secteur du voyage et du tourisme, selon le même rapport du WEF, alors que la Tunisie occupe la 79ème place et le Maroc la 62ème.
Le rôle de la diaspora
Les autorités touristiques ont également assoupli les conditions d’entrée dans le pays pour les Algériens résidant à l’étranger, autorisant les détenteurs de la double nationalité à entrer en Algérie avec une carte nationale d’identité jusqu’en octobre 2016, en partie afin d’accueillir plus aisément les visiteurs voyageant au cours des grandes fêtes religieuses en juillet et en septembre.
Les Algériens résidant à l’étranger représentent depuis longtemps un marché touristique d’envergure, avec une population estimée à pas moins de 5 millions de personnes. A la fin 2013, les arrivées internationales atteignaient le chiffre de 2,73 millions et étaient constituées pour la plupart d’arrivées d’Algériens résidant à l’étranger, à hauteur de 1,76 million.
Diversification du marché source
Désireux de stimuler encore davantage le nombre d’arrivées, le gouvernement a sorti le grand jeu pour attirer les visiteurs en provenance de marchés non traditionnels.
Si traditionnellement la France a fourni une grande partie des touristes étrangers dans le pays, M.Ghoul a désigné le Japon, la Chine, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Canada, l’Allemagne et la Pologne, ainsi que certains pays du Golfe, comme constituant des marchés prioritaires lors de la deuxième rencontre nationale sur la promotion du tourisme qui s’est tenue à Alger fin mai.
En 2014, l’Algérie a accueilli 2,3 millions de touristes internationaux, soit une légère baisse par rapport aux chiffres enregistrés l’année précédente. Les efforts déployés pour dynamiser le secteur semblent toutefois porter leurs fruits, le nombre de touristes étrangers en Algérie ayant augmenté de 15% en 2015, selon M.Ghoul.
Il a également qualifié d’encourageant le nombre de visiteurs étrangers en 2016, particulièrement en début d’année et dans les régions du sud telles que Ghardaïa, Biskra, El Oued et Béchar, ainsi que dans l’intérieur et les régions littorales.
Retombées sur le long terme
Le gouvernement entend bien poursuivre sur cette lancée en améliorant les infrastructures touristiques du pays grâce à des investissements soutenus et une meilleure formation du personnel du secteur.
L’année dernière, M.Ghoul a déclaré dans les médias que, dans le cadre du Plan de Développement National du Tourisme, lancé en 2008, près de 1000 projets touristiques d’une valeur de 3,9 milliards d’euros, avaient déjà été approuvés, tandis que 300 projets – dont plusieurs ciblent les touristes algériens et les Algériens résidant à l’étranger – devraient être lancés rien qu’en 2016.
Les projets à venir devraient contribuer à atteindre l’objectif fixé par le ministère de pouvoir proposer 50 000 lits à Alger d’ici 2017 et 500 000 dans le pays tout entier d’ici 2030, contre 19 000 et 100 000 respectivement à l’heure actuelle.
L’Algérie a également investi dans plusieurs centres de formation afin de garantir un personnel qualifié dans les nouveaux établissements. L’Ecole Supérieure d’Hôtellerie et de Restauration d’Alger, inaugurée en juillet 2015, est la plus importante de ces derniers. Elle est gérée en partenariat avec l’Ecole Hôtelière de Lausanne, en Suisse. A l’heure actuelle, l’école peut former 800 étudiants par an, essentiellement dans le domaine de la gestion hôtelière.
Trois autres centres situés à Alger, à Tizi Ouzou et à Bou Saada détiennent une capacité annuelle combinée de 880 étudiants. Un cinquième centre à Zighoud Youcef, qui pourra accueillir 300 étudiants, devrait ouvrir ses portes dans les mois à venir.