Pour le Pr. Tirole, le système des subventions devrait être remplacé par des aides ciblées en faveur des plus pauvres. « Mais pour identifier les plus pauvres il faudrait avoir une économie plus formalisée ».
L’Algérie doit revoir totalement le système de subvention des produits de consommation de base et revenir aux prix réels du marché, tout en apportant une aide ciblée aux populations les plus démunies. C’est ce qu’a proposé, sur Radio M, le prix Nobel d’économie, Jean Tirole, président de la Fondation Jean-Jacques Laffont – Toulouse School of economics (TSE), directeur scientifique de l’Institut d’économie industrielle (IDEI) à Toulouse et membre fondateur de l’Institute for Advanced Study in Toulouse (IAST).
D’après le Pr. Tirole les subventions généralisées telles qu’elles sont appliquées, aujourd’hui en Algérie, sont génératrices de gaspillage car elles peuvent profiter aussi bien aux pauvres qu’aux riches qui n’en ont pas besoin. Il estime qu’il est, à présent, important pour l’Algérie d’en finir avec les prix « distordus » et de revenir aux prix réels des produits de large consommation. Ce système, selon lui, devrait être remplacé par des aides ciblées en faveur des plus pauvres. « Mais pour identifier les plus pauvres il faudrait avoir une économie plus formalisée », poursuit-il. Il préconise, à ce propos, la mise en place d’un système de gestion des impôts sur le revenu très bien structuré en plus d’instruments précis pour mesurer les revenus des travailleurs.
Evasion fiscale : un crime ?
Interrogé au sujet du phénomène de l’évasion fiscale, le Pr. Tirole pense qu’il s’agit avant tout d’une question de « normes sociales endogènes », autrement dit une question de perception sous l’effet de facteurs culturels. Si dans certains pays, on pense que l’évasion fiscale n’est pas quelque chose de très grave dans d’autres, en revanche, il s’agit d’un véritable crime, explique-t-il.
Il s’agira, de son point de vue, de transmettre des « messages positifs » concernant l’importance du respect de la fiscalité. Mais sur le plan concret, il propose de mettre au point des lois strictes contre l’évasion fiscale. Des lois que les plus hauts responsables de l’Etat doivent respecter à la lettre pour donner l’exemple.
Il faudra aussi engager des mesures pour intégrer les acteurs de l’informel dans le circuit légal et la première étape pour atteindre cet objectif sera de libérer le secteur formel et de le rendre plus attractif à travers une panoplie de mesures incitatives.