En plus des grands équipementiers mondiaux qu’il faut absolument faire venir en Algérie, l’ex-PDG de la SNVI, Mokhtar Chahboub insiste sur la nécessité de faire participer les entreprises algériennes dans l’augmentation de taux d’intégration des véhicules assemblés en Algérie.
L’Algérie doit multiplier par quatre voire cinq le nombre de voiture assemblés localement d’ici 2020, si elle veut être compétitive sur le marche international. C’est le constat fait l’expert en industrie automobile et ex PDG de la SNVI Mokhtar Chahboub qui a été l’invité de la rédaction de la chaine 3 de la radio nationale.
Pour lui, le mode actuel de production des véhicules n’est pas rentable en raison des surcoûts qu’il génère et qui se situent entre 5 et 6% par rapport au même véhicule importé totalement monté. Pour sortir de situation et faire de la construction automobile un secteur générateur de richesse et des postes d’emploi, l’expert a donné une série de recommandations adressées aussi bien aux pouvoirs publics qu’aux constructeurs automobiles.
La première étape consiste à encourager la sous-traitance locale. « Aujourd’hui, 60 à 65% de composants des véhicules sont produits par des sous-traitants. Les constructeurs de véhicules eux fournissent entre 40 et 35% restant », a-t-il souligné. Il ajoute : « Les équipementiers jouent un rôle prépondérant dans la réussite d’un projet de montage de véhicules ». Pour le cas algérien, l’expert estime que le gouvernement ainsi que les constructeurs doivent réfléchir ensemble à une politique attractive des équipementiers. « Je pense que nous devons augmenter la cadence d’assemblage des véhicules pour atteindre au moins 350 000 à 400 000 unités par an. Avec un tel volume nous allons intéresser les équipementiers connus dans le domaine », a-t-il dit. Ne pas atteindre ce volume rendra les voitures assemblées localement plus chères que celles importées.
En plus, des grands équipementiers mondiaux qu’il faut absolument faire venir en Algérie, l’ex-PDG de la SNVI insiste sur la nécessité de faire participer les entreprises algériennes dans l’augmentation de taux d’intégration des véhicules assemblés en Algérie. « Nous avons une certaine expérience dans le domaine de la sous-traitance automobile avec la SNVI qu’il faut valoriser et mettre à niveau », a-t-il dit. En d’autres termes, il appelle les pouvoirs publics à prévoir de nouveaux avantages fiscaux et parafiscaux aux entreprises qui se lancent dans la sous-traitance. Interrogé sur la capacité des sous-traitants algériens à répondre aux exigences des constructeurs automobiles, l’orateur s’est montré optimiste. « Nous avons des sous-traitants algériens dans plusieurs domaines dont la mécanique de précision qui fournissent des composants à des grandes marques dont Airbus », a-t-il répondu. En chiffres, il dira que selon une étude qu’il a lui-même réalisé en 2014, il existe en Algérie 150 sous-traitant dans le secteur de l’automobile certifiés ou en voie de certification. Un chiffre qui témoigne de l’existence d’un potentiel algérien à valoriser.
Le mode en kits est inévitable
Réagissant à ce qui est appelé désormais, l’affaire Tahkout, Mokhtar Chahboub estime que le mode actuel d’importation de véhicule en kits est inévitable à la phase de démarrage. « Cette phase d’importation de véhicules en kits est un passage obligé». Toutefois, il précise cette option « transitoire » ne doit pas durer plus longtemps sinon elle générera des surcoûts à la place de la valeur ajoutée. Toujours sur ce point, l’orateur juge que les taux d’intégration exigés par les cahiers des charges sont raisonnables et réalisables. Ces derniers passent de 15% à la fin de 3ème année de production et de 40% à la 5ème année.
Pour étayer ses propos, il cite le cas de la SNVI, une entreprise qui l’a dirigée pendant plusieurs années. « La SNVI qui intègre dans ses véhicules 55% des pièces produites localement », indique-t-il avant d’aller plus loin dans son optimisme : « Les Marocains et Tunisiens ainsi que les Asiatiques ont réussi à produire des composants de véhicules qu’ils livrent dans les quatre points du monde. Nous devons y penser nous aussi », affirme-t-il.