Le gouvernement algérien envisage de permettre aux principales banques publiques du pays de s’introduire en Bourse afin de développer leurs activités de marchés et de diversifier leurs sources de financement pour compenser l’impact de la chute des recettes pétrolières, a-t-on appris d’une source haut placée au sein de l’administration.
Le projet donnerait à des investisseurs étrangers la possibilité de devenir majoritaires au capital de certaines banques algériennes, ce qui leur est pour l’instant impossible, a précisé cette source à Reuters.
Les six banques publiques algériennes représentent la majeure partie du secteur tandis que les banques françaises, comme Société générale et BNP Paribas, figurent parmi les institutions étrangères les mieux placées dans le pays.
L’économie algérienne, très centralisée et dans laquelle l’Etat joue encore un rôle de tout premier plan, reste dépendante du secteur de l’énergie, qui assure à lui seul 60% des recettes budgétaires. Mais la chute du prix du pétrole depuis 2014 a conduit les autorités à rechercher de nouvelles sources de financement.
« L’ère du baril à 100 dollars est révolue. Nous n’avons pas d’autre choix que de changer de politique », a dit la source, qui a requis l’anonymat. « Les réformes se feront lentement mais on ne repartira pas en arrière. »
Avec plus de 130 milliards de dollars (116 milliards d’euros) de réserves de change et une dette extérieure faible (moins de 3% du PIB en 2014 selon les données de la Banque mondiale), l’Algérie est en meilleure santé financière que qu’autres producteurs d’hydrocarbures.
Le gouvernement a néanmoins dû augmenter la pression fiscale et les prix des carburants, largement subventionnés, un début de remise en cause du système de soutien public à l’économie et à la consommation qui a longtemps contribué à apaiser les tensions sociales.
La règle des 51/49 remise en cause?
Les partisans de la règle plafonnant à 49% les participations étrangères au capital des banques et d’un strict contrôle des changes estiment que ces mécanismes permettent de protéger des secteurs stratégiques mais d’autres justifient leur remise en cause par la nécessité de relancer la croissance et l’investissement.
Alger avait déjà envisagé d’ouvrir le secteur bancaire aux capitaux étrangers en 2007, annonçant la vente de la majorité du capital du Crédit populaire d’Algérie (CPA) avant de renoncer deux jours seulement avant la date limite pour le dépôt des offres, arguant alors de la crise financière internationale. Deux ans plus tard, la règle des 51/49 entrait en vigueur.
Le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont depuis appelé à plusieurs reprises l’Algérie à réformer son secteur bancaire et à moderniser son marché boursier pour attirer de nouveaux investisseurs.
Il est toutefois difficile de prédire si d’éventuelles privatisations bancaires attireraient des capitaux étrangers. En juin, un projet d’introduction en Bourse de la Société des ciments de Ain El Kebira, a ainsi été abandonné faute de demande.
La Bourse d’Alger ne compte que cinq sociétés cotées et la liquidité y est très faible comparée à celle des marchés marocain et tunisien.
La modification de l’encadrement du capital des banques figure dans le projet de budget 2017 actuellement en débat au Parlement, qui devra être approuvé par les députés puis par le président Abdelaziz Bouteflika.
Le texte prévoit que les banques qui voudront s’introduire à la Bourse d’Alger devront obtenir un « feu vert préalable » de la banque centrale avant toute initiative susceptible de faire passer plus de 49% de leur capital dans des mains étrangères.
(*) publié par Reuters