L’Algérie est encore l’un des rares pays à commercialiser l’essence au plomb - Maghreb Emergent

L’Algérie est encore l’un des rares pays à commercialiser l’essence au plomb

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Les seuls pays qui continuent à utiliser, à côté de l’Algérie, sont  l’Irak, le Yémen, le Myanmar, la Corée du Nord et l’Afghanistan.

En dépit de ses effets nocifs sur la santé, l’essence avec plomb continue à être utilisée en Algérie, qui est aujourd’hui l’un des rares pays au monde à le commercialiser. Pourtant, l’essence avec plomb est une source élevée de pollution atmosphérique dans les milieux urbains. Selon les experts, l’inhalation des émissions de cette essence peut affecter le cerveau, le foie, les os, et peut même ralentir le développement du cerveau chez l’enfant et réduire son quotient intellectuel.

Utilisé depuis les années 1920, le plomb a été éliminé dans la plupart des régions du monde depuis la découverte de  ses effets nocifs sur la santé et sur l’environnement. Le Sommet de la Terre en 2002 a préconisé l’interdiction totale de ce carburant dans tous les pays. En 2006, l’essence chargée de plomb devait être éliminé de manière définitive à travers la planète. Les seuls pays à continuer à utiliser cette essence sont l’Algérie, l’Irak, le Yémen, le Myanmar, la Corée du Nord et l’Afghanistan.

Les Américains ont été les premiers à interdire la commercialisation de l’essence au plomb en 1975, dans le souci de lutter contre la pollution. La même mesure s’est imposée en Europe, mais beaucoup plus tard, avec, d’abord une réduction du pourcentage de plomb incorporé dans l’essence, puis de façon radicale, par une directive européenne qui a fait disparaitre le plomb de l’essence. Ainsi, le 1er janvier 2000, plus aucune pompe ne devait distribuer de l’essence plombée dans l’Union Européenne.

En Algérie, la distribution et la commercialisation de l’essence sans plomb a débuté en 1999, par la conversion d’une première tranche de 48 stations-service. Le produit était fabriqué exclusivement par la raffinerie de Skikda et distribué par l’entreprise publique Naftal. Dès La commercialisation du sans plomb, la généralisation de son utilisation, ainsi que d’autres carburants moins polluants, étaient inscrites comme “axe prioritaire” dans le programme du ministère de l’Energie.

Pour Naftal, l’objectif était de commercialiser ce produit au niveau de l’ensemble de son réseau de distribution et d’augmenter de plus en plus sa consommation avec l’introduction chaque année, de nouveaux véhicules sur le marché national.

Les explications de Naftal et de Sonatrach

Interrogé par Maghreb Emergent sur le maintient de la commercialisation de l’essence au plomb, une source proche de Naftal a assuré que la commercialisation du carburant obéit à la nature du parc automobile national. « On ne peut pas retirer un produit si le parc automobile est demandeur. Tant qu’il y a une demande sur ce type d’essence, Naftal continuera à le commercialiser », indique notre source. « Si demain nous arrêtons la commercialisation de l’essence plombée, il y aura inévitablement une forte pénurie d’essence dans le pays ». La même source ajoute que Naftal est en train d’orienter ses clients vers l’utilisation du GPL qui est un carburant propre et ce, à travers le très ambitieux projet Sirghaz (GPLc).

Il faut dire, à ce propos, que les véhicules fabriqués avant janvier 1987 ne sont pas adaptés à l’essence sans plomb. Les additifs au plomb présentaient l’avantage de protéger les moteurs de ces véhicules. Une véritable problématique quand on sait que plus de 50% des véhicules en Algérie ont plus de 20 ans d’âge.

Face à cette situation les pouvoirs publics voulaient mettre en œuvre une réglementation stricte, destinée à accélérer le retrait de la circulation des vieilles voitures. Mais cette décision a été marquée par beaucoup d’hésitations de la part des décideurs, pour des  considérations d’ordre social.

Rencontré en marge de la conférence organisée par Sonatrach le 23 mai courant, Ahmed Mazighi, conseiller du P-DG du groupe nous a déclaré que  le retrait de cette essence polluante était inévitable. Il n’en dira pas davantage.

 Une question de priorité

En Algérie, les pouvoirs publics sont manifestement beaucoup plus préoccupés par la satisfaction d’une demande nationale en carburant de plus en plus grandissante et qui dépasse la production nationale. Les derniers chiffres de l’Agence de régulation des hydrocarbures (ARH) au premier trimestre 2018, indiquent que la consommation de l’essence normale et super, produites avec plomb, a atteint 597 526 tonnes depuis le premier trimestre de l’année passée, tandis que la consommation d’essences sans plomb est seulement de 328 329 tonnes.

Maghreb Emergent a essayé de contacter l’Agence de régulation des hydrocarbures (ARH), pour obtenir plus de précisions sur les démarches prises par l’Agence dans le suivi et le contrôle des produits polluants, notamment l’essence plombée mais sans pouvoir obtenir de réponse.

L’Algérie qui possède un parc automobile  essence estimé à 3,2 millions d’unités, a toujours exprimé sa volonté d’éliminer à terme l’essence plombée et la promotion de carburants propres. Elles’était même engagée, au cours des rendez-vous internationaux sur l’environnement, à éliminer l’essence au plomb du marché en… 2015.  Pour l’heure, l’avenir de l’essence au plomb en Algérie demeure inconnu.

 

 

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