À l’aube de la 4e révolution industrielle où les technologies de l’information et de la communication (TIC) constituent le moteur de la croissance, certains responsables vivent encore d’utopie de l’ère des matières premières et de l’ère mécanique des années 1970 qui ne font plus le développement en ce XXIème siècle, le monde se préparant à la quatrième révolution industrielle fondée sur l’économie de la connaissance et le défi environnementale (industries écologiques).
L’objet de cette présente contribution est d’analyser de 2013 à juin 2016 la part des exportations hors hydrocarbures au sein de la balance commerciale .
1– 2013
-alimentation 323 millions de dollars soit 11,5, dont sucre 228, dattes 38
-produits bruts 3,91% avec 110 millions de dollars dont phosphate 96 millions de dollars, déchets rebus de papier 6,61 millions de dollars
-demi-produits 83,6% pour un montant de 2350 millions de dollars dont solvants-naphte pour 1105, ammoniac pour 610 et engrais pour 312 millions de dollars (paradoxe selon les statistiques officielles les agriculteurs algériens utilisent peu d’engrais du fait du prix )
-biens d’équipement industriels 0,53%
-biens de consommation non alimentaires 0,36%.
2– 2014
Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2014 font ressortir un excédent de la balance commerciale de 4,63 milliards de dollars US, soit une diminution de 53,49% par rapport à celui enregistré durant l’année 2013. Cette tendance s’explique simultanément par une hausse des importations et une baisse des exportations. En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 108% en 2014 contre 118% enregistré en 2013. Concernant la structure des exportations hors hydrocarbures, elles toujours marginales toujours dominées par les dérivées d’hydrocarbures, et les déchets ferreux et semi-ferreux, excepté le sucre montant de 2,582 milliards de dollars
-alimentation 0,62%
-énergie et lubrifiants 94,54%
-produits brut 0,28%
-demi-produits 4,48%
-biens d’équipement industriels 0, 05%
-biens de consommation non alimentaires 0,03%
Les dérivées d’hydrocarbures dont les huiles représentent 988 millions de dollars soit 36,35, ammoniac 568 millions de dollars soit 21,29%, engrais 292 millions de dollars soit 11,33% et hydrogène/ gazeux 47 millions de dollars soit 1,82% ayant un total de 71,79%
3– 2015
Nous avons une récession de 39,91% par rapport à 2014 selon les données du CNIS. Les résultats globaux obtenus en matière des réalisations des échanges extérieurs de l’Algérie pour la période de l’année 2015 font ressortir un déficit de la balance commerciale de 13,71 milliards de dollars contre un excédent de 4,31 milliards de dollars durant l’année 2014. En termes de couverture des importations par les exportations, les résultats en question, dégagent un taux de 73% en 2015 contre 107% enregistré en 2014.
-alimentation 0,62%
-énergie et lubrifiants 94,54%
-produits brut 0,28% – demi-produits 4,48%
-biens d’équipement industriels 0, 05% -biens de consommation non alimentaires 0,03%
Pour les exportations hors hydrocarbures, elles sont marginales toujours dominées par les dérivées d’hydrocarbures, et les déchets ferreux et semi-ferreux, excepté le sucre. Les huiles représentent 588 millions de dollars soit 37,34%, l’ammoniac 502 millions de dollars soit 24,35%, les engrais 439 millions de dollars soit 21,27%, hydrogène gazeux, 25 millions soit 1,21%, soit un total de 84,17%.
4.-Les six premiers mois de 2016
Cette tendance est des quatre premiers mois de 2016 vient d’être confirmée par les statistiques douanières rapportées par l’agence officielle APS le 20 juillet 2016. Le déficit commercial de l’Algérie a atteint 10,83 milliards de dollars (mds usd) au 1er semestre 2016 contre un déficit de 8,51 mds usd à la même période de 2015, soit une hausse du déficit de 27,2%. Les exportations ont nettement reculé à 12,68 mds usd durant les six premiers mois 2016 contre 18,93 mds usd sur la même période de 2015 (-33,02%), soit un recul de 6,25 mds usd et le taux de couverture des importations par les exportations est ainsi passé à 54% contre 69% entre les deux périodes de comparaison. Les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes algériennes à l’étranger pour une part de 93,55% du volume global des exportations, avec un montant de 11,86 mds usd durant les six premiers mois, contre 17,868 mds usd à la même période de 2015 (-33,62%), soit une baisse de six (6) mds usd. Les exportations hors hydrocarbures, qui ont représenté 6,45% du montant global des exportations, ont diminué à 818 millions usd, en baisse de 22,83% par rapport aux six premiers mois de 2015. Ainsi nous avons une structure similaire des années précédentes au sein des exportations hors hydrocarbures.
-des demi-produits avec 624 millions usd (contre 846 millions us en 2015 pour la même période),
-des biens alimentaires avec 129 millions usd (contre 150 millions usd en 2015
-des produits bruts avec 34 millions usd (contre 50 millions usd en 2015),
-des biens d’équipements industriels avec 22 millions usd (contre 8 millions usd en 2015)
-des biens de consommation non alimentaires avec 9 millions usd (contre 6 millions usd en 2015 ).
5.-Une rencontre aura lieu en décembre 2016 Algérie/Afrique ayant pour but d’encourager les exportations hors hydrocarbures en Afrique(1). Or, dans la structure des exportations algériennes, les hydrocarbures continuent à représenter l’essentiel des ventes à l’étranger. En 2015, ils représentent 94,54% du volume global des exportations. Pour les six mois de 2016, (93,55%) nous avons une petite amélioration en pourcentage mais une importante baisse en valeur globale. Si on inclut les dérivées d’hydrocarbures, nous aurons plus de 97% provenant des hydrocarbures. La question posée est la suivante : quels produits exportera l’Algérie?
La dynamisation des sections hors rente exportatrices 2017/2020, dans le cadre des valeurs internationales, (coût/qualité), tenant compte de la forte concurrence internationale, dépendra des réformes structurelles. Cela sera conditionnée par des entreprises publiques et privées innovantes reposant sur la recherche/ développement et les nouvelles technologies, pour être compétitives, le secteur privé actuellement du fait des contraintes participant aux entrées de devises pour moins de 2%. Selon le rapport 2015 du Ministère de l’Energie à noire disposition, publié en juin 2016, avec le prix moyen de pétrole qui ont reculé de 99,41 dollars en 2014, à 52,13 dollars en 2015, le chiffre d’affaire de Sonatrach a été de 33,19 milliards de dollars en 2015 contre 58,45 en 2014 soit une contraction de 43%. Là, attention, l’indicateur chiffre d’affaire est un indicateur imparfait et peu significatif. Pour avoir le profit net de Sonatrach, il faut retirer entre 20/25% de charges globales et ce taux est variable pour les autres entreprises. Pour certaines PMI/PME, les charges sont supérieures au chiffre d’affaire et là se pose le retour de l’investissement car ce mythe de la généralisation de la règle des 49/51%, pour protéger des intérêts sous un couvert de nationalisme, ayant eu depuis 2009 un impact très mitigé, contrairement au discours du Ministre de l’Industrie. Comme son dernier discours irréaliste (baisse de 30 milliards d’importation grâce au ciment, phosphate ect.). Or aucun pays du monde ne s’est développé grâce aux matières premières. Aussi évitons le mythe que les exportations de phosphate, de ciment ou autres produit à faibles valeur ajoutée seraient une des solutions. Pour le phosphate, le contenu des contrats récents de 4,5 milliards de dollars avec les Indonésiens n’ayant pas été clairement explicités par le Ministère de l’Industrie, même avec 10 millions de tonnes d’exportation contre un million actuellement, le cours fluctuant en 2016 entre 115/125 dollars la tonne métrique et le cout fonction de la teneur élevé, le chiffre d’affaire pour une exportation, brute sera d’environ 1,2 milliards de dollars. Comme les charges dans ce secteur sont élevés d’environ 40% minimum, le profit net sera d’environ 720 millions de dollars/an et devant retirer à ce montant la part des 49% des indonésiens. La transformation en engrais est plus profitable mais là se pose le problème du prix de cession du gaz, Sonatrach ayant eu des litiges sérieux avec d’autres sociétés ne devant pas aligner sur le prix de cession du gaz sur celui du marché intérieur. Cela constituerait une importante perte pour l’Algérie, dont d’ailleurs le dumping prix est interdit par les règles du commerce international. Quant au ciment, (cout transport élevé), il est presque impossible de l’exporter en Europe et en Asie et encore moins en Amérique. Pour l’Afrique, bon nombre de groupes internationaux sont déjà implantés et il faudra donc s’associer à un groupe international. Pour les voitures/camions, de petites dimensions, donc des couts élevés, en majorité de montage, destinées au marché local, dont le taux d’intégration ne dépasse pas 15%, ( sous traitance très faible), les normes internationales pour les voitures sont au minimum, de 100.000/150.000 unités/an. Si elles devaient être réalisées, cela gonflera la rubrique des composants importés, devant dresser la balance devises entre la diminution des importations et l’accroissement de cette rubrique. Où sont les économies de 30 milliards de dollars promis ?
6.- Il ne faut pas analyser uniquement la balance commerciale mais inclure les transferts légaux de capitaux et les importations de services qui ont fluctué entre 10/12 milliards de dollars entre 2010/2015 pour avoir le solde net de sorties de capitaux et donc le solde de la balance de paiement, dont le déficit risque de dépasser 30 milliards de dollars fin 2016. Pour le FMI(2016), le montant de réserves de change de 112 milliards de dollars fin 2016 et moins de 92 milliards de dollars fin 2017 si le cours se maintient aux environs de 50 dollars, si comme prévu il y a rigueur budgétaire ciblée, lutte contre les dépenses improductives et accroissement du volume physique exportable, sinon les réserves de change clôturée fin 2017 seront plus faibles. En bref, l’Algérie, ayant toutes les potentialités pour arriver à une économie diversifiée, sous réserve de réviser l’actuelle politique socio-économique et notamment industrielle. Car, il ne faut pas être utopique, sera encore pour longtemps tributaire des hydrocarbures (voir mon interview donnée à l’AFP le 20/07/2016 sur le bilan de son Excellence Mr président de la république Abdelaziz Bouteflika en trois phases, aspects positifs, corrections à mener et 19 propositions pour la relance – à paraitre-).
*Professeur des universités, expert international
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1)-Voir sur les relations Afrique/Maghreb -Pr Abderrahmane MEBTOUl, étude réalisée pour l’Institut Français des Relations Internationales IFRI ( Paris –France novembre 2011)- Les relations Europe-Maghreb face aux enjeux géostratégiques -Le Maghreb face aux enjeux géostratégiques ouvrage collectif dirigé par le professeur Abderrahmane MEBTOUL et le docteur Camille SARI de la Sorbonne (36 auteurs maghrébins et européens, économistes, politologues-sociologues-militaires) – 2 tomes Edition Harmattan Paris -France 1100 pages 2014) -Intervention du professeur Abderrahmane MEBTOUL- rencontre internationale ONG « L’Alliance pour Refonder la Gouvernance en Afrique (ARGA) » le 26/30 janvier 2014 – Rabat/Maroc sur le thème « l’Afrique doit réinventer son économie » en partenariat avec le Ministère français des affaires étrangères. Le professeur Abderrahmane MEBTOUL est membre du conseil scientifique de l’organisation panafricaine de l’ONU, la CAFRAD représentant l’Algérie en tant qu’expert indépendant ayant été désigné pour ses travaux scientifiques