Le gouvernement prévoit de porter à 1 million d’hectares la superficie irriguée à l’horizon 2019. L’Algérie, qui était dotée de 44 barrages en 1999, pour une capacité de stockage combinée de 3,7 milliards de mètres cubes, en comptait 68 en 2010, pour une capacité de 7 milliards de mètres cubes. Les autorités ont misé sur la construction de 18 nouveaux barrages entre 2010 et 2014, puis de 30 barrages supplémentaires dotés d’une capacité combinée de 1,5 milliard de mètres cubes entre 2015 et 2019.
Les pressions extérieures subies en 2014 ont pesé plus lourdement qu’à l’accoutumée sur le secteur agricole algérien, ce qui représente un défi de taille pour le pays, compte tenu de sa facture des importations. Néanmoins, les mesures prises pour renforcer les performances à long terme du secteur, telles que le déploiement des techniques d’irrigation, commencent à porter leurs fruits.
Depuis fin juillet, la filière bovine est frappée de plein fouet par une épidémie de fièvre aphteuse, qui a débuté à Sétif avant de se propager dans 19 provinces. Le nombre d’animaux touchés est toutefois resté minime, en partie grâce à une campagne de vaccination intensive menée suite à l’apparition d’un foyer de fièvre aphteuse en Tunisie voisine au mois de mai.
Autre source d’inquiétude, la production céréalière, restée relativement faible cette année. D’après les chiffres provisionnels publiés fin juillet, la production de céréales de la saison 2013/14 a chuté de plus d’un tiers, pour s’établir à environ 3 millions de tonnes, son niveau le plus bas depuis cinq ans. La chaleur et la sécheresse précoces, qui ont débuté au mois d’avril, ont eu un impact particulièrement important dans les provinces de l’est, qui contribuent très largement à la production nationale, et où 12 hectares de cultures céréalières ont été détruits par plus de 20 incendies dans la seule région de Sétif. La baisse de la production a mis en exergue la variabilité de la production céréalière de l’Algérie, le secteur étant fortement dépendant des précipitations. Trois pour cent seulement de la production locale est cultivée à l’aide de techniques d’irrigation.
Au vu de la consommation locale, qui avoisine les 8 millions de tonnes de céréales chaque année, la mauvaise récolte devrait alourdir fortement la facture des importations, déjà chiffrée à quelque 4 milliards d’euros par an. L’Algérie est ainsi devenue l’un des principaux importateurs de blé au monde, et le premier importateur par habitant.
La production de l’année est faible par rapport aux chiffres récents, mais l’Algérie tend généralement à enregistrer des rendements limités dans le secteur céréalier. La productivité s’élevait à 1,7 tonne par hectare en 2012, d’après les données de la Banque mondiale, contre environ 7 tonnes par hectare en moyenne dans les pays développés.
Le pays des barrages
Sur le long terme, néanmoins, la production céréalière du pays a augmenté, passant d’une moyenne annuelle de quelque 2,7 millions de tonnes ces 20 dernières années à environ 5 m de tonnes au cours de la période 2007-2012. La productivité est également à la hausse : de 16 en 2010, le nombre de cultivateurs atteignant une production de plus de 5 tonnes par hectare a été porté à 279 l’an dernier.
L’irrigation est l’une des priorités de l’État. Le gouvernement prévoit de porter à 1 million d’hectares la superficie irriguée à l’horizon 2019, et espère ainsi faire grimper les rendements. L’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a déclaré avoir distribué quelque 900 systèmes d’irrigation aux cultivateurs locaux en 2014, et ainsi augmenté la superficie des cultures céréalières irriguées à 600 000 hectares en avril.
Pour atteindre son objectif, le gouvernement a mis en œuvre un vaste programme de construction de barrages. L’Algérie, qui était dotée de 44 barrages en 1999, pour une capacité de stockage combinée de 3,7 milliards de mètres cubes, en comptait 68 en 2010, pour une capacité de 7 milliards de mètres cubes. Les autorités ont misé sur la construction de 18 nouveaux barrages entre 2010 et 2014, puis de 30 barrages supplémentaires dotés d’une capacité combinée de 1,5 milliard de mètres cubes entre 2015 et 2019. D’après les articles publiés dans la presse locale en juillet dernier, les autorités prévoient par ailleurs de mettre un terme à la production électrique de deux grands barrages hydroélectriques, et d’utiliser ces barrages pour l’irrigation et l’approvisionnement en eau potable.
Ces mesures devraient permettre d’augmenter la quantité d’eau destinée à l’irrigation, et ainsi améliorer la productivité agricole et contribuer à stabiliser la production. D’autres mesures, visant notamment à renforcer la mécanisation et limiter la fragmentation du secteur en regroupant les petites exploitations pour créer de grandes exploitations, pourraient contribuer à améliorer les rendements. Ceux-ci pourraient être multipliés par 2,5 ces dix prochaines années, d’après Laid Benamor, président du Comité interprofessionnel des céréales (CIC).
Liens bilatéraux
Outre le déploiement des techniques d’irrigation, le gouvernement prévoit également de prendre un certain nombre de mesures afin de moderniser le secteur et renforcer la production agricole. Fin juillet, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, a indiqué aux médias que le gouvernement avait l’intention d’adopter plusieurs nouvelles lois et réglementations applicables au secteur au cours de la législature à venir, et notamment de finaliser des plans visant à mettre en location les terres agricoles appartenant à l’Etat.
Par ailleurs, un certain nombre d’initiatives transfrontalières ont été prises avec les instances gouvernementales européennes afin d’améliorer la productivité agricole. En juillet, l’ambassadeur d’Autriche en Algérie, Aloisia Wörgetter, a déclaré que les deux pays avaient entamé des discussions concernant un projet d’investissement agricole commun ayant trait à l’élevage dans la province de Khenchela, dans la lignée de plusieurs accords de coopération agricole existants. Ces quelques dernières années, plusieurs projets bilatéraux ont été conclus entre la France et le secteur agricole algérien, afin que ce dernier puisse bénéficier des techniques de modernisation employées en France. Un projet pilote a été lancé début 2013 entre l’Algérie et la Normandie afin d’améliorer les techniques d’élevage du cheptel laitier.