A la Conférence mondiale sur le réchauffement climatique (COP21), qui s’ouvrira lundi à Paris, L’Algérie prônera un accord ambitieux pour lutter contre le phénomène de réchauffement, mais qui consacre le principe de la responsabilité différenciée entre les Etats.
La position algérienne insiste sur la responsabilité des pays industrialisés dans le réchauffement climatique qui représente l’une des menaces majeures du 21ème siècle.
En tant que pays en développement, la responsabilité historique de l’Algérie en matière d’accumulation des gaz à effet de serre n’est nullement engagée.
Pays peu émetteur de gaz à effet de serre, sa responsabilité actuelle est « très limitée », est-il souligné dans la Contribution algérienne qui sera présentée à la COP21.
Cette « innocence » historique de l’Algérie sur le plan du réchauffement climatique s’explique essentiellement par la prépondérance du gaz naturel, une énergie propre, dans son mix énergétique contrairement au charbon largement utilisé dans les pays industrialisés.
C’est dans ce sens que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui représentera à la COP21 le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait clairement évoqué cette réalité lors de sommet du Forum des pays exportateurs du gaz tenu récemment à Téhéran.
« Une attention particulière devrait être accordée par les acteurs institutionnels et les opérateurs économiques à la place privilégiée et au rôle crucial de cette énergie propre (gaz) dans la baisse des niveaux d’émissions des gaz à effet de serre que la communauté internationale voudrait voir atteints
au service du bien-être de l’humanité », avait-il déclaré dans la capitale iranienne.
Il avait également soutenu que le gaz naturel, couplé aux énergies renouvelables, « contribue à répondre le mieux aux exigences environnementales les plus strictes ».
-La différenciation impose un soutien financier des pays développés
En fait, l’Algérie préconise que le prochain accord sur le climat soit articulé autour du principe de la « responsabilité commune mais différenciée » des Etats, tout en tenant compte des circonstances spécifiques des parties contractantes et de leurs capacités respectives.
Toutefois, le principe de la différenciation impose un soutien financier particulier de la part des pays développés, historiquement responsables du réchauffement climatique, pour aider les pays les vulnérables à faire face ce phénomène.
Affectée par la désertification et la recrudescence d’évènements climatiques extrêmes, l’Algérie se considère particulièrement comme l’un des pays les plus vulnérables aux changements climatiques qui risquent de compromettre son développement socio-économique.
Elle est, donc, en droit de bénéficier de la solidarité internationale climatique découlant du futur accord de Paris, ce qui permettra également d’aller au-delà de son objectif qui table sur une réduction de 7% des gaz à effet de serre (GES), réalisée avec des moyens nationaux, à l’horizon 2030.
Cette réduction peut donc atteindre la barre de 22% mais à condition de recevoir le soutien nécessaire en matière de financements extérieurs, de développement et de transfert technologique et de renforcement des capacités.
Cette position est, d’ailleurs, largement partagée par les pays du Sud notamment ceux d’Afrique, alors que certains pays-clés de la COP21 rechignent à se soumettre au principe « pollueur-payeur ».
C’est ainsi que les Etats-Unis s’opposent à l’instauration d’un régime de compensation financière « pertes et dommages » pour les pays fortement touchés par des catastrophes, réclamé par certains des plus vulnérables, alors que la Chine ne veut pas se voir imposer une participation à une aide
financière aux pays vulnérables dans le cadre onusien, même si elle s’est engagée, unilatéralement, à donner 3 milliards de dollars par an aux pays du Sud pour des projets de climat.
Trouver un terrain d’entente entre les différentes parties s’avère donc une tâche particulièrement difficile, selon les observateurs qui considèrent aussi que les Contributions des Etats ne sont pas suffisantes pour atteindre l’objectif visé par la COP21: contenir la hausse de la température à 2°C d’ici 2100.
Dans ce sens, si le président de la COP21 et ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a estimé qu’un accord était à la portée des négociateurs, il a, toutefois, admis que « rien n’est encore acquis ».