L’Union européenne entend faire payer aux transporteurs aériens cette taxe pour les parties de vol effectuées au-dessus de son espace aérien. Cette mesure soulève une grande opposition notamment de la Chine et des Etats-Unis.
L’Algérie réitère son rejet de la Taxe carbone que l’Union européenne (UE) entend imposer aux transporteurs aériens pour les parties de vol effectuées au-dessus de son espace aérien, a indiqué aujourd’hui la ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement, Dalila Boudejmâa sur es ondes de la radio nationale algérienne.
L’Algérie s’est constituée avec les autres pays africains en « front » pour faire face à cette décision « unilatérale, a encore précisé la responsable algérienne citée par l’agence de presse APS, expliquant que le groupe Afrique allait renouveler sa position lors de la 20ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations-unies sur les changements climatiques (COP20), qui se tient actuellement à Lima au Pérou.
Dalila Boudejmâa a précisé que ce groupe rend responsable de l’émission de gaz à effet de serre les pays développés « qui sont historiquement à l’origine des problèmes de changement climatique ». Cette taxe carbone a été rejetée par de nombreuses compagnies (indiennes et chinoises et américaines notamment, Ndlr), d’autant plus que l’Afrique n’émet que moins de 5% de gaz à effet de serre », a-t-elle également souligné.
La mesure prise par l’UE, entrée en vigueur théoriquement le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l’Union européenne, nonobstant leur nationalité, à acheter l’équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour « lutter contre le réchauffement climatique ». Environ 4.000 compagnies aériennes devraient ainsi acheter à l’UE des permis de polluer et tout manquement entraînerait le paiement d’une amende de 100 euros par tonne de gaz à effet de serre (GES), plutôt qu’un prix oscillant entre 8 et 15 euros, de même que sur une interdiction d’atterrissage dans les aéroports européens.
Une confrontation d’ « ordre commercial et économique » ?
La décision européenne, pour rappel, a provoqué une levée de boucliers au niveau mondial, beaucoup de pays y voyant « le prélude d’une nouvelle guerre commerciale d’envergure sur fond de réchauffement climatique ». Sitôt l’annonce faite, les USA et la Chine ont menacé de prendre des mesures contre les pays de l’UE. La Chine a notamment menacé l’UE de rétorsions commerciales, particulièrement contre le constructeur Airbus.
Le PDG d’Air Algérie, Mohamed Salah Boultif, a mis en garde, lors d’une rencontre internationale, contre une probable confrontation d’ « ordre commercial et économique » pouvant surgir à l’échelle internationale compte tenu du nombre important de compagnies hostiles à l’imposition de cette taxe carbone. « Il s’agit des compagnies non européennes, notamment américaines, chinoises et arabes, qui s’élèvent contre ce diktat. Il aurait fallu qu’il y ait plus de concertation et de dialogue avec l’ensemble des acteurs concernés pour arriver à un consensus plus large qui prenne en considération plus particulièrement la souveraineté nationale des pays », avait-t-il affirmé.
36 milliards de tonnes de CO2 émises dans l’atmosphère en 2013
Selon le Global Carbon Project, 36 milliards de tonnes de CO2 ont été émises dans l’atmosphère en 2013, en hausse de 2,1% en un an et de 61% par rapport à 1990, année de référence du protocole de Kyoto. La Chine arrive loin devant les Etats-Unis comme le plus important émetteur de CO2, avec 10 milliards de tonnes de GES à elle seule.
Selon les données de Planetoscope, qui donne les statistiques mondiales de la pollution au CO2, en 2012, la Chine a émis 300 millions de tonnes de GES de plus qu’en 2011, soit 9.6 milliards de tonnes de CO2 à raison de 304 tonnes de CO2 par seconde. Elle est devenue le premier responsable des émissions de CO2, dépassant les Etats-Unis depuis 2006. Durant la même année, les émissions de CO2 par les Etats-Unis ont été de 5,3 millions de tonnes, soit 200 millions de tonnes de moins qu’en 2011.
Il y a lieu de signaler que les émissions de CO2 par habitant en Chine sont de même niveau qu’en Europe.