L’expert financier algérien a critiqué les économistes qui ont suggéré au président de la République de mettre en place le Fonds de régulation des recettes (FRR), qui, a-t-il rappelé, a fait échapper au pouvoir législatif, de longues années durant, la gestion de très substantielles recettes fiscales.
L’amendement de la loi sur la monnaie et le crédit soumis aujourd’hui à l’Assemblée populaire nationale « changera le rapport entre la Banque d’Algérie et le Trésor public et amoindrira l’espace d’autonomie qu’avait jusqu’ici la Banque d’Algérie », a indiqué, ce matin, Mourad Goumiri, expert financier, sur Radio M, la web radio de Maghreb Emergent.
D’après Mourad Goumiri, la Banque centrale a subi, depuis les années 1990, un certain nombre de mesures portant directement atteinte à son autonomie vis-à-vis du pouvoir exécutif. « C’est l’ancien chef de gouvernement Belaïd Abdesselam qui a engagé la première action dans ce sens en changeant le statut du gouverneur de la Banque d’Algérie pour en faire un simple haut fonctionnaire à la merci des pouvoirs publics », a-t-il rappelé. Il a estimé que dans une démocratie, la séparation entre les trois pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire implique aussi leur séparation du pouvoir monétaire, détenu par les banques centrales.
L’amendement de la loi sur la monnaie et le crédit proposé par le gouvernement vise principalement à faciliter le financement non conventionnel en accordant à la Banque d’Algérie la possibilité d’acheter, sans limite fixée, pendant cinq ans des émissions du Trésor public. Il ne peut se faire sans un certain nombre de pré-requis, a assuré l’invité de Radio M. Pour lui, « une telle mesure devrait être prise concomitamment avec la mise en place d’une politique fiscale, budgétaire, douanière, domaniale de façon harmonieuse, le tout dirigé par un seul chef d’orchestre qui doit forcément être un homme politique ».
Mourad Goumiri a également critiqué les économistes ayant suggéré au président de la République de mettre en place le Fonds de régulation des recettes (FRR). « Le FRR a permis d’usurper le pouvoir législatif : on calculait le prix du baril de pétrole à 19 dollars alors que celui-ci avait atteint, à un moment donné, les 140 dollars. La différence était directement géré par décret sans passer par le parlement », a-t-il souligné.
Ecouter l’entretien avec Mourad Goumiri