Le baril de pétrole a presque doublé de prix depuis le creux de février 2016, mais il reste à moitié prix par rapport à son niveau d’il y a deux ans.
Pour la première fois depuis juillet 2015, le Brent de la mer du Nord et le « Light Sweet Crude » se sont tous les deux stabilisés, mardi, au-dessus du seuil de 50 dollars. Peu avant 14 heures, le Brent de la mer du Nord a atteint 51.18 dollars sur l’Intercontinental Exchange de Londres, gagnant 63 cents sur la veille, ce qui représente une hausse de 1.25%. Sur le New York Mercantile Exchange de New-York, le baril de référence, le « Light Sweet Crude », était coté 50.21 dollars, après avoir pris lui aussi 52 cents, soit 1.05%.
Le baril avait déjà atteint le seuil de 50 dollars la semaine dernière, mais il s’était rapidement replié par la suite, sans toutefois plonger.
Dans le factuel, les spécialistes citent deux facteurs qui ont contribué à cette hausse. La première concerne l’insécurité qui menacerait des installations de pétrole et de gaz dans le delta du Niger, au sud du Nigeria, premier producteur africain de pétrole. Plusieurs attaques ont déjà été enregistrées dans cette région, mais leur impact sur la production mondiale reste toutefois marginal.
L’effet bénéfique de la hausse du dollar
Le second facteur est la hausse du dollar. La monnaie américaine s’est nettement appréciée malgré les chiffres relativement faibles de l’emploi américain, dont la vigueur revigore traditionnellement le dollar.
Ce niveau de prix du baril de pétrole a par ailleurs été atteint après près de quatre mois de hausse ininterrompue, période durant laquelle le prix du pétrole a augmenté de près de 90%, après les plus bas de la mi-février, quand le baril était descendu sous les trente dollars. Le mouvement continu vers le haut semble ainsi motivé par d’autres fondamentaux, à l’effet plus long et plus significatif.
Un consensus s’est formé sur le fait que le pétrole était descendu trop bas et ne pouvait rester à un tel niveau, sans provoquer de risques majeurs pour l’économie mondiale. Le premier danger venait de la chute des investissements, qui risque de se répercuter, à moyen terme, par un contre-choc pétrolier, si les investissements d’aujourd’hui se révèlent trop faibles pour assurer un certain niveau de production à terme. Le niveau de prix actuel élimine les produits non conventionnels américains, qui ont fortement chuté après avoir frôlé les cinq millions de barils par jour.
L’OPEP moins désunie
Autre fait notable, le pétrole semble avoir pris de l’assurance une semaine après la réunion de l’OPEP, le 2 juin dernier. Le cartel des pays exportateurs n’avait pas pris de décision significative, mais la réunion de Vienne s’est déroulée dans un climat qui tranche avec la tension prévalant traditionnellement autour de l’organisation. L’Iran s’est montré coopératif, et l’Arabie Saoudite, dont la volonté de reprendre le contrôle du marché avait provoqué l’écroulement des prix, a révélé à son tour un souci remarqué de ramener les prix à des niveaux plus attrayants.
Cette attitude de Ryadh semble liée à sa volonté de se donner l’image d’un pays soucieux de stabilité, à la veille du lancement de son grand projet de modernisation. Le gouvernement saoudien a présenté mardi le détail de la première phase, jusqu’à 2020, du « plan de transformation nationale », initié par le vice-prince héritier, Mohamed Ben Selmane, fils du Roi actuel. Le plan prévoit la création d’un fonds souverain de 2.000 milliards de dollars, et une transformation radicale de l’économie saoudienne à l’horizon 2030.