Les banques et entreprises marocaines ont investi 1,9 milliard de dollars américains à l’étranger entre 2008 et 2013, dont les deux tiers (1,25 milliard USD) en Afrique. L’encours de ces investissements sur le continent a atteint 773 millions USD à fin 2012. Les dividendes rapatriés entre 2008 et 2012 s’élèvent à 173 millions USD, tandis que 82 millions USD de bénéfices ont été réinvestis en Afrique durant cette même période.
Avoir des banques performantes aujourd’hui vaut mieux que de disposer d’une armée, aussi puissante soit-elle, disait en substance l’ancien gouverneur de la banque d’Algérie, Abderrahmane Hadj Nacer dans sa « Martingale algérienne ».
Le Maroc voisin, lui, aura bien compris cette évolution du monde qu’a effleuré Hadj Nacer dans cet essai. En témoignent «l’agressivité» et le dynamisme des banques du Royaume sur le continent africain.
Une note de l’Office des changes du Royaume du Maroc, publiée fin mars 2014, fait un bilan de la remarquable évolution des investissements directs marocains en Afrique durant les cinq dernières années. Le secteur bancaire et celui des télécommunications viennent en tête. Mieux encore, l’on note l’incursion des promoteurs immobiliers au titre de l’année 2013.
Mali, Gabon, Côte d’Ivoire et Burkina Faso, principales destinations
Dans le détail, les banques et entreprises marocaines, celles des télécommunications notamment, ont investi plus de 21 milliards de dirhams (1,9 milliard de dollars américains) à l’étranger entre 2008 et 2013, dont 13,8 milliards DH (1,25 milliard USD) en Afrique, avec un montant de 12,9 milliards DH destinée à l’Afrique subsaharienne. L’encours de ces investissements en Afrique a atteint 8,5 milliards DH (773 millions USD) à fin 2012 contre 9,7 milliards DH (880 millions USD) dans les pays non-africains. Les dividendes rapatriés entre 2008 et 2012 s’élèvent à 1,9 milliard DH (173 millions USD) et les bénéfices réinvestis durant cette même période, à 903,5 millions DH (82 millions USD).
Un niveau record des investissements marocains a été atteint en 2010 avec 4,6 milliards DH (420 millions USD environ, représentant 92,2 % du total des investissements directs marocains à l’étranger pour cette année), avant de s’infléchir drastiquement en 2011, où ces investissements n’ont pas dépassé les 900 millions DH (81 millions USD). Ces flux reprennent néanmoins leur courbe ascendante dès 2012 (1,7 milliard DH).
Réglementation des changes assouplie
Les chiffres provisoires de 2013 indiquent des investissements en Afrique d’un montant global de 1,2 milliard DH (110 millions USD). «Ces investissements, explique-t-on, ont été favorisés, entre autres, par la libéralisation progressive de la réglementation des changes permettant aux résidents d’investir en Afrique jusqu’à 100 millions DH (9 millions USD) ».
Une libéralisation entamée depuis maintenant une dizaine d’années. Comparativement à l’Algérie, où il est interdit de sortir des devises pour les investir ailleurs dans le monde, cela parait comme une avancée considérable dans le domaine. A l’exception de Cevital qui a pu acheter l’année dernière le leader européen des PVC pour une bouchée de pain (400 000 euros, mobilisés grâce à sa filiale européenne) et qui vient de conclure un autre accord pour l’achat de Fagor-Brandt, aucun algérien résident n’a pu placer un sou dans une affaire à l’étranger.
Le Mali, avec un encours de 2,2 milliards DH (200 millions USD), est la première destination des investissements marocains (12% du total Afrique). Viennent ensuite la Côte d’Ivoire avec 1,7 milliards DH (154,5 millions USD), le Gabon avec un milliard DH (90 millions USD), le Burkina Faso avec 670 millions DH (61 millions USD), le Sénégal 400 millions DH (36 millions USD), la République démocratique du Congo 380 millions DH (34 millions USD) et le Cameroun avec 320 millions DH (30 millions USD).
Immobilier, nouvelle cible des entrepreneurs marocains
Par secteurs d’activités et en Afrique, les banques et organismes financiers détiennent à fin 2012, un stock d’investissements de 4,3 milliards DH (390 millions USD), soit 50,5 % du total, les opérateurs de télécommunications 2 milliards DH (182 millions USD), soit 24,4 % et les cimenteries 800 millions DH (73 millions USD), soit 9,4 %, pour ne citer que les plus importants. La structure des investissements marocains en Afrique inclut, outre les banques, les télécoms et les cimenteries, des secteurs aussi diversifiés que les mines, l’industrie manufacturière, l’agroalimentaire, l’informatique, les assurances et autres commerce et services.
L’on note également l’intérêt manifesté ces deux dernières années pour l’immobilier, dont les entrepreneurs marocains ont investi pour 129,8 millions DH (11 millions USD) en 2012 et 232 millions (21 millions USD) en 2013. Les entrepreneurs marocains auront ainsi saisi l’opportunité que représente un marché africain de plus en plus attractif, qui capte d’importants flux d’investissements directs étrangers (IDE).
Les montants investis par le Maroc sur le Continent sont certes minimes, par rapport au volume global des IDE en Afrique qui, selon les données de la CNUCED, se sont élevés à 50 milliards USD en 2012 alors qu’ils n’étaient que de 18,2 milliards USD en 2003, orientés essentiellement sur les industries extractives (pétrole, gaz, mines etc.) et réalisés par des majors mondiaux. Mais, les créneaux choisis par les investisseurs Marocains sont à forte valeur et ciblent des créneaux « vierges » où tout, ou presque, est à faire sur le continent noir.