A Bruxelles, Ramtane Lamamra, chef de la diplomatie algérienne, a évoqué une asymétrie structurelle dans la mise en oeuvre de l’accord d’association Algérie-UE. Très largement confirmée par l’écart faramineux entre les exportations, marginales, de l’Algérie et le volume des importations en provenance de l’Europe.
L’Algérie et l’Union européenne (UE) ont entériné, lundi à Bruxelles, le document portant les conclusions de l’évaluation conjointe de la mise en œuvre de l’Accord d’association Algérie-UE, signé en 2002 et entré en vigueur en 2005.
Les chiffres des exportations hors hydrocarbures de l’Algérie vers l’Union Européenne n’ont pas dépassé les 14 milliards de dollars entre 2005 et 2015. Par contre, les importations algériennes auprès de l’Union Européenne se sont établies à 220 milliards de dollars sur la même période.
Cela donne une moyenne de 1,4 milliards de dollars d’exportations algériennes par an vers l’UE contre une moyenne de 22 milliards de dollars/an d’importations. Le montant d’une année d’importation en provenance de l’UE vers l’Algérie dépasse très largement dix ans d’exportations algériennes hors hydrocarbures.
Ces chiffres – auxquels il faut ajouter un manque à gagner de plus de 700 milliards de DA de recettes douanières algériennes – traduisent de manière éloquence «l’asymétrie structurelle » dans la mise en œuvre de l’accord d’association qui a été évoquée, hier, à Bruxelles, par le ministre algérien des affaires étrangères, Ramtane Lamamra.
L’Algérie respectera sa «signature et ses engagements» a déclaré le chef de la diplomatie algérienne en soulignant cependant que » s’il doit y avoir une asymétrie à l’avenir, elle doit être au bénéfice de l’Algérie et de l’économie algérienne ».
Ramtane Lamamra a indiqué que l’évaluation conjointe de l’accord d’association a permis de « faire une lecture commune » des dispositions de l’accord afin qu’il « profite davantage au développement de l’Algérie ».
« Evaluation conjointe »
L’évaluation conjointe a été faite suite à une demande de l’Algérie formulée en 2015. L’impact, jugé globalement négatif de cette mise en œuvre «asymétrique » de l’accord d’association a amené le gouvernement à geler de manière unilatérale des concessions tarifaires accordées à l’UE. Des négociations ont été menées et ont amené à repousser la date d’entrée en vigueur de la zone de libre-échange à 2020 au lieu de 2017.
La réunion du Conseil d’association UE-Algérie tenu lundi à Bruxelles, l’UE et l’Algérie a donné à la signature d’accords sur une série de projets, pour un montant de 40 millions d’euros, afin d’aider l’Algérie à diversifier son économie et à améliorer le climat des affaires grâce à des mesures allant du développement des énergies renouvelables à la modernisation des finances publiques. 20 millions d’euros de ce montant seront consacrés au « «programme d’appui à la mise en œuvre de l’accord d’association» (20 millions €) ».
Son objectif, indique un communiqué de l’UE, est d’aider à la « consolidation du cadre juridique et réglementaire de l’Algérie ainsi que le renforcement de ses capacités institutionnelles dans les principales politiques publiques pour que le pays puisse saisir les opportunités offertes par l’accord d’association, entré en vigueur en 2005 ».
Selon le même communiqué, l’Union Européenne a fourni à l’Algérie depuis 2011 une « assistance financière totalisant 273,3 millions € ». L’instrument européen de voisinage (IEV) est le principal instrument financier utilisé pour financer la coopération entre l’UE et l’Algérie, précise le communiqué.