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L’attentat meurtrier contre l’armée à Ain Defla endeuille l’Aïd et soulève des questions

Par Yazid Ferhat
juillet 19, 2015
L’attentat meurtrier contre l’armée à Ain Defla endeuille l’Aïd et soulève des questions

Entre onze et treize soldats algériens, selon les sources, ont été tués vendredi le jour de l’Aïd dans une embuscade dans une région difficile d’Aïn Defla. Les circonstances de ce carnage ne sont pas encore établies mais des sources concordantes évoquent deux embuscades successives. Au niveau officiel, l’information n’a été ni confirmée, ni démentie.

 

Selon une source locale, il y a d’abord un officier et un soldat qui ont été tués dans une embuscade alors qu’ils se rendaient, le jour de l’Aïd, vers une caserne située dans la région de Djendel. « Les éléments de l’armée de cette caserne ont aussitôt déclenché une opération de ratissage pour pourchasser les assaillants. Ils sont tombés dans une deuxième embuscade qui a coûté la vie à 11 soldats » rapporte une source locale citée par Maghreb Emergent.

« Dans cette région fortement boisée de l’extrême sud-est de la wilaya de Ain Defla, à la lisière des wilayas de Médéa et Tissemsilt, un groupe terroriste d’une vingtaine d’éléments a été signalé il y a un mois » souligne cette même source.

Le journal El Khabar parle de 11 militaires de différents grades tués dans une embuscade dans la région de Tifrane, à une quarantaine de kilomètres de la commune de Tarik Ibn Ziad, dans la wilaya d’Ain Defla.

La section de lieutenant Houssem Maalem

Citant des sources sécuritaires, El Khabar indique qu’un convoi militaire qui se rendait vers une caserne à Ifrane a été surpris par une embuscade au niveau de la forêt jouxtant la route. Selon le journal, les éléments de l’armée traquent le groupe terroriste qui serait « encerclé dans une forêt ».

Mais c’est le site Secret Difa3 qui est le plus précis. Il donne également des noms et des photos de soldats tués en évoquant une tragédie en deux actes.

Trois soldats sont tués la veille de l’Aïd dans un accrochage avec les terroristes. Une section d’infanterie dirigée par le lieutenant Houssem Maalem est envoyée pour récupérer les corps. « La section de dix hommes tombe dans une embuscade, les cadavres des soldats tombés la veille étaient piégés et les terroristes étaient encore sur les lieux ».

« Qui pourra expliquer à leurs parents pourquoi ils n’étaient pas dans un MRAP, pourquoi ils n’avaient pas de vraies armures protectrices, pourquoi leurs armes étaient obsolètes, pourquoi il n’y avait pas d’hélicoptère pour les couvrir et pourquoi aucune autorité ne s’est exprimée pour saluer leur sacrifice? » s’indigne l’auteur de l’article.

Le carnage d’Iboudrarène en avril 2014 et « l’excès de confiance »

L’Algérie a connu un mois de ramadan relativement calme. Dans la nuit du 6 au 7 juillet, une attaque a ciblé, à Bouira, un véhicule de la brigade mobile de la police judiciaire (BMPJ) faisant deux blessés parmi les policiers.

Le 7 juillet, trois personnes ont été blessées dans l’explosion d’une bombe artisanale, à Sidi Chaib, au sud de la wilaya de Sidi Bel Abbès.

Le bilan des pertes humaines, s’il se confirme, est l’un des plus élevés depuis l’attentat commis le 19 avril 2014 dans la commune d’Iboudrarene, à 50 km au sud-est de Tizi Ouzou, qui avait fait 11 soldats tués et 5 autres blessés. Il s’agissait d’un convoi de l’armée qui rentrait, en soirée d’une « opération de sécurisation du scrutin présidentielle du jeudi 17 avril”.

Après cet attentat, le général à la retraite, Abderrazak Maïza, ancien commandant de la 1ère Région militaire avait, dans un entretien remarqué au journal El Watan, estimé qu’il était pas normal qu’un dispositif militaire soit levé ou déplacé de nuit, à bord de camions, dans une région comme Iboudrarène où l’activité terroriste est récurrente.

« Il y a eu une erreur d’appréciation, une confiance extraordinaire et un manque de vigilance » avait-il indiqué en pointant un « excès de confiance chez les responsables, au point d’autoriser un déplacement de troupes de nuit, avec tous les risques que cela suppose… ».

Secret Difa3 et l’indigence des moyens des soldats

Pour ce nouvel attentat meurtrier, Akram Khraëf, qui dirige le site spécialisé dans les affaires de défense, Secret Difa3 (Secret défense) met en cause « l’indigence » des moyens mis à la disposition des soldats.

« Malgré les moyens énormes de l’armée algérienne, son haut commandement semble toujours refuser de placer le soldat au centre de ses préoccupations » note-il en se faisant pratiquement l’écho d’une plainte muette du soldat algérien.

« Transport des troupes dans des camions bâchés, tenues de camouflage surannées, chaussures au design et à la conception datant du début du 20e siècle, protection balistique désuète et de très mauvaise qualité, absence de viseurs sur les fusils, eux-aussi dépassés, absence de couverture aérienne systématique… ».

Pour le directeur du site spécialisé, si l’armée algérienne est l’une des « mieux équipées » au monde, « son centre de gravité n’est en aucun cas le soldat, dont la vie est mise à l’épreuve sur le terrain par manque de moyens ».

Cet article a été initialement publié sur le Huffington Post Algérie 

 

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