L’économie algérienne présente, à la fin du premier trimestre 2014, la même image qu’un an auparavant : quasi-équilibre des balances, dépendance et vulnérabilité.
L’activité économique en Algérie a été faussée par l’élection présidentielle durant le second trimestre 2014, mais les chiffres publiés par la Banque d’Algérie confirment une tendance en vigueur depuis plusieurs années, avec une balance des paiements qui passe au rouge, un excédent commercial de plus en plus mince et une quasi-stagnation des réserves de change d’un trimestre sur l’autre.
En attendant les données sur le PIB, l’impact le plus visible de l’élection présidentielle du 17 avril 2014 est visible dans la baisse des importations, qui ont reculé à 14,02 milliards de dollars, contre 14,09 milliards en 2013. Comme, dans le même temps, les exportations d’hydrocarbures baissaient de 9% en volume et de 12% en valeur, l’excédent commercial s’est encore rétréci alors que la balance des paiements enregistrait un déficit de 470 millions de dollars.
A priori, cela n’a pas eu d’impact sur les réserves de change, passées à 194,961 milliards de dollars à la fin du premier trimestre 2014, soit un milliard de plus qu’une année auparavant. Cette stabilité n’est cependant qu’apparente, et elle cache une autre réalité. En fait, il y a une baisse des réserves, car celles-ci devraient elles-mêmes générer une augmentation de quatre à cinq milliards de dollars par an, grâce aux seuls intérêts.
Quasi-équilibre des balances
L’excédent de la balance commerciale a lui aussi continué à se rétracter pour devenir insignifiant. Il n’est plus que de 1,84 milliards de dollars, contre 3,78 durant la même période de 2013.
Quelques indices positifs, mais très insuffisants, sont toutefois enregistrés. Les importations d’équipements industriels ont augmenté de 6,7%, pour constituer 28,13% du total des importations. Les produits semi-finis totalisent 19,5% des importations, en augmentation de 4,6%. Pour les deux catégories, l’augmentation est nettement supérieure à celle des importations, même si, dans l’absolu, elle reste modeste quand on déduit la part de l’inflation.
La Banque d’Algérie note d’ailleurs que le dinar a continué à glisser par rapport aux grandes monnaies, mais dans des proportions très limitées, nettement insuffisantes pour l’amener à sa véritable parité dans un délai raisonnable : -2,78% par rapport au dollar et -3,38% par rapport à l’euro. En moyenne, un dollar valait 77,89 dinars, et il devrait dépasser sous peu le seuil des 80 dinars, alors que sur le marché parallèle, il est proche de 120 dinars. La marge est donc de 50%.
Hausse des crédits
Au chapitre des crédits aux entreprises, les données sont contrastées. Au total, 5.314 milliards de dinars (68 milliards de dollars) de crédits ont été accordés aux entreprises, dont 74,25% sont des crédits à moyen et long terme, considérés comme des crédits d’équipement. Ceux destinés au secteur privé totalisent 2.427 milliards de dinars (31 milliards de dollars), avec une progression remarquable de 19,5%. le secteur privé a totalisé 43,5% du crédit.
L’inflation est, quant à elle, passée sous la barre des 2%, à 1,98%, pour la première fois depuis 2006, selon la Banque d’Algérie. Mais son calcul pose problème. D’une part, elle n’est pas calculée à l’échelle nationale. D’autre part, l’évolution des prix est toujours faussée par de fortes subventions, qui maintiennent un niveau de prix artificiellement bas dans de nombreux secteurs. D’ailleurs, les secteurs non subventionnés, comme ceux de l’habillement-chaussures et des transports-communication, connaissent une « dérive des prix », selon la formule de la Banque d’Algérie.