Pour Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM, Genève), l’Egypte ne refuse rien à Riadh qui, rappelle-t-il, a contribué au financement de récents et substantiels achats d’armements.
Pour le politologue Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherches sur le monde arabe et méditerranéen (CERMAM, Genève), en intervenant avec ses alliés contre les Houthis yéménites, l’Arabie Saoudite « agit en dehors de la légitimité internationale ». « Ni le Conseil de sécurité de l’Onu ni la Ligue Arabe n’ont donné leur aval pour le commencement des frappes contre le Yémen », explique-t-il dans une déclaration à Maghreb Emergent.
Pour rappel, dans la coalition contre les Houthis chiites yéménites se trouvent toutes les forces des pays du Golfe mis à part celles le sultanat d’Oman. Les Etats membres du Conseil de coopération du Golfe avaient pourtant discuté avec les Houthis en 2012 la nomination d’Abd Rabo Mansour Hadi comme président du Yémen. Ils « n’étaient pas très enthousiastes pour cette transition pacifique au Yémen, à laquelle ont participé les Houthis », observe Hasni Abidi. Et de conclure que la situation au Yémen « est en quelques sorte une conjugaison de maladresse des pays du Conseil de Coopération des pays du Golf ».
L’Egypte de Sissi ne refuse rien à Riadh et Abou Dhabi
Au sujet de la position de l’Egypte, qui participe aux frappes contre les Houthis, Hasni Abidi estime que « Abdelfattah Sissi a tout à gagner en se faisant passer pour le gendarme de la région et le garde Frontières des pays du Golfe ». L’Egypte, poursuit-il, « ne peut rien refuser à Riadh et Abou Dhabi ». Et de rappeler qu’elle a conclu, en février dernier, un contrat d’achat d’armes avec la France pour un montant de 5,2 milliards d’euros, financé en grande partie par l’Arabie Saoudite.
Pour le directeur du CERMAM, « Sissi affectionne les interventions armées » et ces intervenions, souligne-t-il, « font rentrer beaucoup d’argent, en plus du fait que la menace iranienne, permet aux pays arabes de cette région-là de dépasser toutes leurs divergences ». C’est visiblement cette menace iranienne qui dicte les lignes des armés arabes, une menace soulignée dans l’allocution d’ouverture du sommet de la Ligue arabe, hier, par l’émir du Koweït Sobah Al Ahmed Djaber El Sobah. « L’Egypte a insisté pour que ce sommet ait lieu à Charam El Chikh, car elle veut redorer son blason diplomatique à côté de son repositionnement militaire régionale », observe Hasni Abidi.
Pour rappel, la création d’une force militaire arabe pour faire face au terrorisme, prônée par le président égyptien Abdelfattah Sissi, a dominé le sommet de la Ligue arabe qui a débuté hier dans la ville égyptienne de Charam El Cheikh.