Les premiers engagements ne sont pas le fait de détenteurs de fonds informels connus sous la dénomination de « shab el chkara » mais de clients qui ont des comptes bancaires de longue date. « Pour le moment, on n’a pas reçu de souscripteurs ramenant de l’argent en espèces », indique un responsable d’une agence bancaire à Alger qui a requis l’anonymat*.
Une semaine après le lancement de l’emprunt obligataire de l’Etat, le 17 avril 2016, trois agences bancaires publiques à Alger font état d’un bon démarrage de l’opération. Ces premiers engagements ne sont pas le fait de détenteurs de fonds informels connus sous la dénomination de « shab el chkara » (les détenteurs de fric en sachet) mais de clients qui ont des comptes bancaires de longue date.
Un responsable d’une agence bancaire à Alger qui a requis l’anonymat indique que la douzaine de souscripteurs enregistrés dans son établissement durant les premiers jours de l’opération sont tous titulaires d’un compte dépôt auprès de son établissement.
« Pour le moment, on n’a pas reçu de souscripteurs ramenant de l’argent en espèces » souligne-t-il. Sans préjuger de l’évolution des choses dans les prochains jours, des responsables d’agences bancaires s’attendent à ce que de nombreux détenteurs de comptes transforment une partie de leurs économies en souscriptions à l’emprunt obligataire de l’Etat.
L’opération se fait en un quart d’heure. Le souscripteur prend option entre trois ou cinq ans, décide du montant, effectue l’achat et reçoit un reçu : « Les bons de souscription qui sont imprimés au niveau de la Banque d’Algérie seront reçus quelques jours plus tard, la procédure est simple. »
Ces premiers souscripteurs paraissent augurer d’une bonne marche de l’opération malgré une communication trop sommaire du gouvernement. Certaines déclarations de membres du gouvernement, relayées par Ennahar TV, même débitée sous une forme ironique, semblaient même être de la contre-publicité à l’opération.
Mais le plus grand obstacle à « l’emprunt national pour la croissance économique » (ENCE) qui doit, selon le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, permettre de mobiliser des « ressources disponibles et endormies dans les tiroirs » pour financer des projets d’investissements et économiques de l’État, vient des religieux.
Le ministre des Affaires religieuses fait profil bas
Alors que le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, s’en tire avec une pirouette en indiquant que le ministère des Finances n’a pas demandé une « fetwa » avant le lancement de l’opération et qu’il y répondra à travers ses structures si tel est le cas, d’autres n’ont pas attendu pour émettre une fatwa pour qualifier l’emprunt obligataire de l’Etat de « prêt usuraire » prohibé en islam.
Pour beaucoup d’observateurs, le ministre des Finances a choisi de ne pas embarrasser son collègue des affaires religieuses sur une question qui, de toute façon, ne pouvait que susciter des polémiques.
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(*) Cet article a été publié initialement sur le Huffington Post Algérie