Les mesures de court terme, le rôle de l’opposition, le désintérêt de la société civile à se mobiliser, ainsi que la gouvernance, sont les points abordés par Samy Oussedik, le Coordinateur général de « Ibtikar-Algérie », au cours de l’émission ‘’Entretien’’ de la webradio RadioM.
Le groupe de réflexion et d’action Ibtikar-Algérie sera lancé dans quelques semaines. Son coordinateur général, Samy Oussedik estime que cette initiative se veut plus qu’un producteur d’idées, mais sans pour autant se constituer comme un parti politique.
« Nous (Ibtikar) sommes convaincus que les idées ne suffisent plus. Garder l’idée d’initiative de mouvement et de prise de responsabilité, pour nous c’est conjuguer la réflexion et l’action. Nous ne sommes pas un think-tank, et nous ne sommes pas un parti politique, mais par contre nous aborderons « le » politique », explique-t-il au lors de son passage sur le plateau de RadioM. Par un positionnement novateur, en tant que force politique, Ibtikar compte de ce fait faire un travail de terrain. « Nous réfléchissons, et nous irons sur le terrain avec d’autres acteurs –tant politique que de la société civile- pour pousser en avant les solutions que nous pensons bonnes pour l’avenir », ajoute M. Oussedik.
L’idée d’Ibtikar vient du constat d’échec de la politique classique, avec le parti politique comme force de proposition. « C’est une observation mondiale », fait savoir M. Oussedik. Et d’ajouter : « On constate aujourd’hui la crise de la médiation de la politique classique à travers le parti politique. » Concernant la situation des partis politiques algériens, notamment ceux de l’opposition, l’invité de la webradio reconnait qu’ils « peinent à agir.» Au sujet des think tank algériens M. Oussedik estime que « la majorité d’entre eux font un excellent travail » toutefois la question est, selon lui, de « savoir comment enchâsser ces idées dans une réalité politique mouvante, incertaine, et bien parfois insondable. »
Une déficience de l’Etat et une rente qui « s’amenuise »
« L’intelligence a fui l’appareil de l’Etat et l’administration », soutient-il. Le fait que le Premier ministre fasse appel à une Task force, constituée d’experts en dehors de l’Etat, et dont la tâche est de réfléchir à un nouveau modèle économique, est un constat, que le gouvernement lui-même reconnait.
Au sujet de la rente pétrolière, qui demeure jusqu’à présent pratiquement l’unique ressource pour l’Algérie, M. Oussedik définit le modèle politico-économique algérien par une abréviation de trois lettres : RCR ; soit « rente, corruption, redistribution. » « Nous vivons ce que Marx avait prédit, mais autrement. »
Plusieurs facteurs de l’échec de l’emprunt obligataire
Pour aller dans un nouveau modèle politico-économique chaque mesure « doit s’enchâsser dans un plan plus large. Une seule mesure ne suffit pas », juge-t-il. L’emprunt obligataire, la conformité fiscale volontaire et d’autres réformes ou mesures sont vouées à l’échec, selon l’invité de Radio M, car celles-ci « tombent dans un environnement qui n’est pas préparé à cela. » Ceci engendre un autre problème par la suite : la discréditation aux yeux du citoyen de l’action politique, menée tant par le pouvoir que l’opposition.
L’opération de levée de fonds lancée par le ministre Benkhalfa est loin d’être limpide. La destination (placement) de l’argent emprunté n’a pas été bien détaillée par le gouvernement. Ceci représente un des facteurs de l’échec de cette opération. M. Oussedik rappelle, dans ce sens, l’exemple de l’Egypte qui a lancé il y a deux ans un emprunt obligataire. « Il y a deux ans l’Egypte a lancé un emprunt à destination particulière : le doublement du Canal de Suez. Ils ont levé en une semaine plus de 7 milliards de dollars. Le peuple Egyptiens a vu dans quoi son argent allait être placé. »
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