Selon un document publié cet été par la Banque centrale de Tunisie (BCT) sur son site internet, la monnaie fiduciaire en circulation au 27 juillet 2017, avec 11,173 milliards de dinars, était en hausse de 19% par rapport à 2016 (9,940 milliards seulement).
Dans une interview accordé à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP), Ahmed Al Karam, le président du directoire d’Amen Bank et président de l’Association professionnelle tunisienne des banques et des établissements financiers (APTBEF), a préconisé une digitalisation rapide des opérations financières en Tunisie, estimant que « la Poste, les banques et les opérateurs téléphoniques sont prêts et motivés pour jouer leur rôle et assumer leurs responsabilités ».
Ahmed Al Karam a critiqué, dans cette interview, l’augmentation de l’encours de la monnaie fiduciaire en Tunisie qui, a-t-il indiqué, « a plus que doublé, passant de 5 milliards de dinars à fin 2010 à environ 11 milliards de dinars aujourd’hui ». Pour lui, ce montant « très élevé » est ce qui « fait qu’une grande partie de la liquidité ne rejoint jamais les circuits économiques officiels » et ce, au détriment des impératifs de « traçabilité » et de « connaissance des mouvements de fonds ». Et d’ajouter : « Les billets de banque qui n’entrent pas dans le circuit bancaire peuvent être utilisés pour financer le terrorisme, blanchir des ressources provenant de la fraude, de la contrebande, de la corruption et d’autres actes criminels. C’est un vrai trou noir. »
« 4 millions de Tunisiens n’ont pas de comptes bancaires »
Quelles sont les raisons de l’augmentation des paiements en cash en Tunisie ? Pour le président de l’APTBEF, elles sont au nombre de trois. La première est la taille de l’économie informelle, « qui n’a pas besoin de moyens de paiements modernes » et « qui représente, d’après les experts, plus de la moitié de l’économie nationale ». La deuxième raison est « l’existence de près de quatre millions de Tunisiens qui n’ont pas de comptes bancaires ». La troisième, enfin, est « l’absence de développement du commerce électronique en Tunisie », et ce, « à un moment où toute la planète en fait la base des règlements des transactions commerciales ».
Sur les chances de succès des projets de digitalisation des opérations financières en Tunisie. Pour Ahmed Al Karam « les solutions techniques sont là », « les opérateurs sont prêts », « les banques sont disposées à aider et à financer » et « si la volonté politique se manifeste et avec force, tout peut aller très vite ».
Argent cash en Tunisie : deux importantes variations selon la Banque centrale
Pour rappel, un document publié cet été par la Banque centrale de Tunisie (BCT) indiquait que la monnaie fiduciaire en circulation au 27 juillet 2017, avec 11,173 milliards de dinars, était en hausse de 19% par rapport à 2016 (seulement 9,940 milliards).
Selon la BCT, depuis 2010, l’augmentation du volume de l’argent cash en circulation a connu deux importantes variations. La première a eu lieu en 2011, avec une hausse de 1.231 MDT (+22,4%) par rapport à 2010, dans un climat marqué par le grand bouleversement politique qu’a été la chute du président Zine El Abidine Ben Ali. La seconde a eu lieu en 2013, avec une baisse de 253 millions de dinars (-3,4%) par rapport à 2012, et ce, suite à la décision de changer certains billets de banque.