En mars 2018, la SGSIA a lancé un appel d’offres pour une solution informatique de gestion aéroportuaire et la société britannique, après soumission, a obtenu le marché.
L’enquête pour corruption du Serious Fraud Office britannique contre les activités en Algérie de la société spécialisée en industrie militaire, Ultra Electronics, concerne un appel d’offres émis par la Société de Gestion des Services et Infrastructures Aéroportuaires d’Alger, a révélé au HuffPost Algérie Abderrahmane Adel Khalef, président de “Algérie Advice Consulting”, qui est le représentant exclusif de Ultra Electronics en Algérie.
Selon Adel Khalef, contacté par le HuffPost Algérie, le P-DG de la Société de Gestion des Services et Infrastructures Aéroportuaires d’Alger (SGSIA), Tahar Allache, pointé du doigt par Ultra Electronics, serait au coeur de cette enquête.
Adel Khalef a assuré que son associé, représentant Ultra Electronics en Algérie, a été entendu ce matin-même par les enquêteurs du SFO. Il affirme également que cette enquête – qui a pourtant fait plonger le titre en bourse de Ultra Electronics ce matin- a été ouverte à son instigation.
En mars 2018, la SGSIA a lancé un appel d’offres pour une solution informatique de gestion aéroportuaire et la société britannique, après soumission, a obtenu le marché. Toutefois, selon Jenny Lawton, Directrice générale de la société Ultra Electronics, citée par Maghreb Intelligence, un dénommé Fodhil Kerkache, présenté comme “représentant” de Tahar Allache, “a ouvertement demandé un paiement en avance immédiat d’un montant important en liquide et en devise européenne”.
“Suite à ces malencontreux événements, notre société a commencé à constater la succession de difficultés, mais aussi des blocages de la part de la SGSIA et de CSCEC qui ont par la suite procédé à l’élimination pure et simple de notre offre”, avait-elle écrit.
De son côté, Fodhil Kerkache répondait à ces accusations en affirmant à son tour que Ultra Eletronics a été écarté car la société “n’a pas respecté ses engagements contractuels”.
“Peinés par ce scandale”
Ces propos de la directrice d’Ultra Electronics ont été réitérés par Abderrahmane Adel Khalef, qui a expliqué dans un courrier adressé le 21.03.2018 au quotidien “Le Soir d’Algérie” que Ultra Electronics avait bel et bien été retenue, “mais par la suite de certaines pratiques de la direction générale de la SGSIA contrevenant à toute déontologie, aux règles régissant les marchés publics et à des demandes illégales auxquelles nous avions exprimé un strict refus au responsable de la SGSIA, nous nous sommes effectivement vu éliminés sous prétexte “de coûts exorbitants”.
“Pourtant, notre offre coûtait 4 millions de dollars alors que le budget alloué à cette partie du projet était de 7 millions de dollars”, a affirmé Adel Khalef au HuffPost Algérie.
Il assure aussi que la compagnie Ultra Electronics “a volontairement saisi le Serious Fraud Office” car la société britannique, qui “a publiquement refusé d’accepter de payer des pots-de-vin”, a été “impactée négativement par ce scandale”, sur le plan financier et moral.
“Lorsque nous avons obtenu le marché, nous avons commencé à dépenser, à mobiliser des techniciens, des consultants et nous avons donc perdu de l’argent également”, a-t-il dit.
Adel Khalef a aussi affirmé au HuffPost Algérie que le SFO soupçonnait Ultra Electronics de corruption dans “l’obtention du-dit marché”. “Ce qui est faux”, s’empresse-t-il d’ajouter, “nous leur avons expliqué que nous avons obtenu le marché dans les règles et la SGSIA nous l’a retiré quand nous avons refusé leur demande de pots-de-vin”.
Selon lui, Ultra Electronics a saisi le SFO pour “rétablir ses droits, faute de réaction de la part de la justice algérienne et du ministre des Transports, Abdelghani Zalene, pourtant maintes fois sollicité”.
“Le SFO va ainsi taper sur les doigts de la SGSIA”, se réjouit le président d’Algérie Advice Consulting. Le HuffPost Algérie n’a pas pu joindre pour le moment Tahar Allache, P-DG de la Société de Gestion des Services et Infrastructures Aéroportuaires d’Alger (SGSIA).
Le Serious Fraud Office a annoncé ce jeudi 19 avril 2018 avoir ouvert une “enquête criminelle contre Ultra Electronic Holdings Plc, sur une affaire de corruption présumée, dans la conduite de ses affaires en Algérie, de ses filiales, ses employés et des personnes associées”.
Selon l’AFP, citant une source proche du dossier, “les transactions impliquées dans l’affaire représenteraient un montant d’environ 400.000 livres (459.000 euros)”.
L’Algérie n’est pas mentionnée par la compagnie dans la liste des pays avec lesquels Ultra Electronics conduit des affaires. La seule fois où l’Algérie est mentionnée, est dans le rapport annuel de 2015 où il est fait référence à “la division TCS de l’entreprise en expansion en Afrique, recevant son premier contrat en Algérie”.
La division TCS fournit des services de communication et de contrôle tels que des radios haute capacité, ainsi que des systèmes de brouillage de signaux.
L’entreprise a refusé de commenter la nature exacte du travail concerné en Algérie. Ce travail représenterait une goutte dans le chiffre d’affaires annuel d’Ultra Electronics qui s’élève à 775 millions de livres sterling.
L’Algérie n’est donc pas mentionnée spécifiquement mais fait partie de la “branche reste du monde” qui représente 17% de toutes les ventes de la compagnie.