Le groupe Sonatrach a été cité dans l’enquête mondiale sur « la machine à corrompre » du groupe monégasque Unaoil. L’enquête vient d’être élargie au groupe helvético-suédois ABB qui est présent en Algérie.
Le Serious Fraud Office (SFO), l’organisme chargé de lutter contre la délinquance financière au Royaume-Uni, a annoncé vendredi qu’il avait élargi l’enquête visant la société pétrolière monégasque Unaoil aux activités en Grande Bretagne du groupe d’ingénierie helvético-suédois ABB.
Le Serious Fraud Office (SFO) a indiqué dans un communiqué qu’il « lancé une enquête portant sur les activités des filiales britanniques du groupe ABB, leurs dirigeants, employés et agents », soupçonnés de corruption. La SFP précise que l’enquête est liée à l’affaire, révélée en juillet sur les activités corruptrices de la société pétrolière monégasque Unaoil.
ABB a réagi à l’annonce en affirmant qu’il avait lui-même, suite à une enquête interne, pris l’initiative d’informer le SFO ainsi que le gendarmes américain des marchés et le Département de la justice des Etats-Unis (DoJ).
Les informations livrés par ABB qui assure coopérer «pleinement » avec les autorités concernent des transactions passées avec Unaoil et des filiales, ainsi que des paiements présumés inappropriés effectués par ceux-ci à des tiers. Le groupe ABB est présent en Algérie où il a engrangé plusieurs contrats.
Les dirigeants d’Unaoil ont été entendus en mars 2016 dans le cadre d’une enquête enclenchée par le SFO sur une « vaste affaire de corruption aux ramifications internationales mettant en cause de nombreuses sociétés étrangères actives dans le secteur pétrolier ».
Une grande enquête intitulée «Au cœur de l’industrie pétrolière mondiale, la machine à corrompre d’Unaoil » réalisée conjointement le journal australien The Age et le HuffPost américain.
L’enquête souligne qu’Unaoil, entreprise familiale monégasque était soupçonnée de se livrer à « une corruption systématique du secteur pétrolier à l’échelle mondiale, distribuant des millions de dollars en dessous de table pour le compte de mastodontes comme Samsung, Rolls Royce, Halliburton, le constructeur français Technip ou la branche offshore du groupe australien Leighton Holdings. »
Ces soupçons ont été confirmés par la « divulgation d’un grand nombre de courriers électroniques et de documents (…) et « met à nu les activités du grand argentier de l’économie mondiale, adepte de l’achat de dirigeants et du truquage de contrats dans le monde entier.
Unaoil et les « affaires » en Algérie
L’enquête The Age-HuffPost a touché également l’Algérie à travers les contrats de réhabilitation de deux raffineries qui ont attiré « l’attention d’Unaoil, l’usine de pots-de-vin de Monaco…
« Ce qui est arrivé au cours des 18 mois qui ont suivi l’appel d’offre algérien est un classique sur la manière dont fonctionne Unaoil : processus truqué d’appels d’offres, pots-de-vin généreux et tricherie à tous les niveaux. Les gagnants ont été les responsables algériens à qui l’on a graissé la patte, les géants coréens Samsung et Hyundai, une multinationale espagnole, et Unaoil. Le perdant a été le peuple algérien, qui a payé la facture ».
L’article affirme que Samsung et Huyndai ont payé des pots-de-vin de plusieurs millions de dollars pour obtenir des contrats en Algérie. Des dirigeants de Sonatrach – dont les noms ne sont pas cités – auraient perçu des commissions de 600 millions de dollars pour le contrat de la rénovation de la raffinerie d’Arzew, accordé à Hyundai en 2008, ainsi que celui de la modernisation de la raffinerie de Skikda, accordé à Samsung en 2009 pour une valeur de 1,2 milliards de dollars.
Selon les auteurs de l’article, Unaoil qui a joué les intermédiaires a engrangé 16 millions de dollars de commissions. Un dirigeant de la compagnie espagnole Tecnicas Reunidas, concurrent de Samsung et Huyndai sur ces projets, a également touché une commission de 2 millions de dollars. Il avait convaincu son employeur de soumissionner formellement afin que l’appel d’offres ne soit pas invalidé pour manque de soumissionnaires.
L’enquête avait révélé par ailleurs que deux Algériens ont été rémunérés pour aider Unaoil auprès de la compagnie malaisienne Petronas et d’autres compagnies asiatiques. Il s’agit d’Omar Habour, dont le nom est cité dans l’affaire des pots-de-vin de Saipem et de Tewfik Guerbation. Ils auraient perçu deux millions de dollars pour ce travail de facilitateur.
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