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L’euro sur le point de franchir la barre des 200 dinars sur le marché informel

Par Maghreb Émergent
juillet 18, 2017
L’euro sur le point de franchir la barre des 200 dinars sur le marché informel

L’euro à 200 dinars, c’est imminent. C’est le résultat logique d’une forte pression exercée sur le dinar. Avec les restrictions sur les importations. Tout un pan de l’activité a été transféré vers le marché parallèle de la devise.

 

Un chiffre montre, à lui seul, la pression exercée sur le dinar par les différentes mesures de restrictions à l’importation imposées par le gouvernement : les Algériens ont importé pour 530 millions de dollars de véhicules durant le premier semestre 2017. A ce rythme, la barre du milliard de dollars devrait être largement dépassée durant l’année 2017, alors que l’implantation des réseaux de concessionnaires et l’offre abondante de véhicules depuis une décennie avait progressivement ramené ce chiffre à un niveau proche de zéro.

Dans le même temps, et faute de licences d’importation, non encore délivrées, les concessionnaires n’ont pas encore importé de véhicules sur leurs quotas 2017. Concrètement, cela signifie que l’ensemble des importations de véhicules durant le premier semestre 2017 a basculé, passant de l’argent bancarisé vers l’argent informel.

Résultat immédiat : l’offre de devises subit une forte pression. La barre symbolique de 200 dinars pour un euro devrait être franchie de manière imminente. Sur le marché parallèle, l’offre de devises destinées aux voyages, au pèlerinage et à différents usages, va fortement diminuer, avec cette demande nouvelle destinée aux véhicules.

Pénurie et demande

Les nouvelles restrictions imposées pour de nouveaux produits vont accélérer le mouvement. Toute une gamme de produits a été suspendue d’importation depuis dix jours, après une première vague de produits soumis au régime de licences.

Dans l’intervalle, le dinar a peu varié au taux officiel. Selon l’économiste Nour Meddahi, la valeur du dinar n’a pas bougé depuis janvier 2016. Le mouvement à la baisse, très prudent, engagé par l’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie Mohamed Laksaci, a été abandonné depuis l’avènement de son successeur, Mohamed Loukal. Du fait de la faiblesse du dollar, le dinar s’est même légèrement raffermi face à la monnaie américaine, passant sous la barre des 110 dinars pour un dollar (109.17). Selon les cotations affichées par la Banque d’Algérie au 17 juillet 2017, l’euro frôlait la barre des 125 dinars (124.97 dinars pour un euro).

Selon le ministère des finances, le taux de change moyen sur l’année 2016 était de 121 dinars pour un euro et 109 dinars pour un dollar.

Effet pervers

Un autre effet, probablement le plus pervers, est l’augmentation de l’écart entre la valeur officielle du dinar et celle affichée sur le marché informel. Il y a dix huit mois, l’écart était d’environ 50%. Ce qui signifie qu’il suffisait d’acquérir un euro auprès d’une banque pour le vendre sur le marché et faire ainsi un bénéficie équivalent à la moitié de son investissement initial.

Cet écart est aujourd’hui de près de 60%. Et à moins d’une nouvelle politique des changes visant à laisser glisser le dinar, l’écart va se creuser, creusant un abysse entre taux réel et informel ; une situation qui va provoquer des dégâts considérables.

Cet écart est la source de multiples trafics, parmi lesquels l’exportation illicite de devises par le biais de surfacturations. Les importateurs y ont trouvé un filon exceptionnel, avec une combine très simple : importer un produit, un véhicule par exemple, à 10.000 dollars auprès de sa propre entreprise ou celle de son fils installé à l’étranger, facturer le même véhicule à 11.000 dollars, et empocher 1.000 dollars à l’étranger, en plus des gains réalisés en Algérie. Des fortunes ont été constituées par ce biais à l’étranger. L’ancien ministre du commerce Bakhti Belaïb avait estimé ces sorties illicites de devises à 30% des importations durant les années fastes, soit 18 milliards de dollars durant l’année 2014.

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