Tout en avouant son ignorance du but final de la réorganisation des corps militaires et sécuritaires, l’animateur du blog Secret Difa3 rappelle que Athmane Tratag, le successeur du général de corps d’armée Mohamed Mediene à la tête du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), a quitté les rangs de l’armée en 2013.
La mise à la retraite par la présidence de la République hier du général de corps d’armée Mohamed Mediene, alias « Toufik », qui dirigeait depuis 1990 le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, renseignement militaires) fait suite à un bal de mises à la retraite qui ont concerné nombre d’officiers généraux : le général-major Ahmed Boustila (commandement de la gendarmerie), le général-major Rachid Lallali, dit Attafi (Direction de la documentation et de la sécurité extérieure, DDSE), le général-major M’henna Djebbar (Direction centrale de la sécurité de l’armée, DCSA), le général-major Djamel Mejdoub (Direction de la sécurité et de la protection présidentielles, DSPP), le général-major Abdelghani Hamel (Direction générale de la sûreté nationale, DGSN), le général-major Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan (Direction de lutte contre le terrorisme), le colonel Fawzi (Centre de communication et diffusion, CCD)…
L’éviction de Mohamed Mediene est une « suite logique à la restructuration des corps de l’Etat » tout en étant « différentes des précédentes », analyse le journaliste Akram Kharief, également animateur du blog Secret Difa3. « Si le limogeage du général-major Ahmed Boustila était pressenti et celui du général-major Djamel Medjdoub est venu en réaction à ce qui s’était passé ou non à Zéralda (fusillade dans la résidence présidentielle en juillet denier), cela reste, néanmoins, des limogeages qui proviennent de l’armée ». En revanche, explique-t-il, la décision de mise à la retraite de Mohamed Mediene a été prise directement par la présidence de la République ». A 76 ans, Mohamed Mediene « a dépassé l’âge légal pour occuper ce type de fonctions », estime encore Akram Kharief.
Athmane Tratag est la personne la mieux qualifiée pour ce poste
L’ancien chef du contre-espionnage, le général-major Athmane Tartag, dit Bachir, qui a remplacé Mohamed Mediene à la tête du DRS, a été mis à la retraite de l’armée populaire nationale en 2013 et est aujourd’hui une personne « civile », précise Akram Kharief. Nommé conseiller à la présidence pour la défense et la sécurité, il a l’expérience et les compétences qu’il faut pour occuper ce poste, estime-t-il : « Parmi les proches du président, c’est la personnalité la mieux qualifiée pour gérer le DRS. »
Tout en avouant son ignorance du but final de cette réorganisation à la tête des corps militaires et sécuritaires, Akram Kharief y voit soit être un support pour le clan présidentiel soit l’expression de la volonté du président de faire sortir le DRS du cadre politique et de le rendre à sa vocation sécuritaire première et, partant, de donner un caractère civil au système politique algérien.
Akram Kharief n’exclut pas que ce soit là un retour à l’avant 1990, et ce ne serait pas une mauvaise chose selon lui : « Les services de sécurité étaient chargés uniquement de la sécurité et des renseignements. C’est à cette époque-là qu’ils ont réalisé les meilleures opérations à l’étranger comme sur le territoire national et c’est à cette époque-là qu’il y’avait une vraie vie démocratique. »
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