Selon les informations de Maghreb Emergent, l’inflation devrait se situer autour de 2.5% en 2014 en Algérie, un niveau très bas, après les 8.9% de 2012.
Le FMI a adressé un joli compliment au gouvernement algérien, en lui attribuant une performance inespérée dans la maitrise de l’inflation en 2014. Au mois d’août, l’inflation a été contenue à 1.4% en évolution annuelle, un chiffre exceptionnel après les 3.3 % de 2013 et, surtout, les 8.9% de 2012. « C’est une très très bonne nouvelle », a déclaré voici quelques jours M. Zine Zeidane, le chef de la mission du FMI qui a réalisé la dernière revue avec les autorités algériennes.
Selon les informations de Maghreb Emergent, l’inflation devrait s’élever à 1.92% en évolution annuelle à fin septembre. Pour clore l’année 2014, elle devrait se situer autour de 2.5%, le meilleur résultat obtenu depuis près d’une décennie. Sur le dernier trimestre, les prix ne devraient pas connaitre d’évolution majeure, d’autant plus que les périodes traditionnelles de hausse (Ramadhan, Aïd, vacances, rentrée scolaire) sont passées.
Le résultat atteint est meilleur de près de 2 points par rapport à ce que prévoyait le gouvernement, dont les prévisions étaient pourtant considérées comme très optimistes. L’exécutif tablait sur un taux de 4.5%. Le FMI avait prévu un taux de proche de 4%, avant de réviser ce résultat à la baisse, autour de 3.5%.
Cette tendance à la baisse avait été perçue dès le début de l’année, en prolongement des résultats enregistrés fin 2013. Après avoir atteint 2,7% en janvier, le rythme d’inflation annuel s’est établi à 2,3% en février, 2% en mars, et 1,8% en avril.
L’exception de la pomme de terre
Ces données sont corroborées par l’Office national des Statistiques, qui notait une variation moyenne de l’indice des prix à la consommation de 1.51% à fin juillet. Elles contredisent pourtant une idée dominante, selon laquelle « tout augmente ». Le prix de la pomme de terre a ainsi été multiplié par deux ou par trois, selon les périodes de référence, et Boulenouar Hadj Tahar, porte-parole de l’Union des commerçants, notait que le prix des lentilles a augmenté de 50%. En parallèle, certains groupes de produits, comme l’habillement-chaussure, continuaient de grimper, selon l’ONS. Mais ces produits n’ont pas d’incidence significative sur l’évolution globale pendant une année.
Cet excellent résultat, qui tranche avec le laxisme traditionnel du gouvernement, habitué à distribuer de l’argent pour préserver la paix sociale, n’est pourtant pas l’aboutissement d’une démarche rigoureuse menée par l’exécutif. Il s’agit plutôt d’une convergence de plusieurs facteurs qui ont agi ensemble pour comprimer les prix, selon des économistes interrogés par Maghreb Emergent.
Le premier facteur, structurel, reste le poids écrasant des subventions, qui maintiennent à un niveau très bas de nombreux produits, comme les céréales, le lait, l’électricité et le carburant. Ces subventions, évaluées à 26 milliards de dollars, permettent à des millions de familles d’accéder à l’essentiel, mais elles sont de plus en plus décriées, en raison des gaspillages qu’elles provoquent.
Epargne en logements et en devises
A cela s’ajoute un phénomène de compression des achats, particulièrement dans l’automobile et l’électroménager. « Les Algériens se sont beaucoup équipés entre 2010 et 2012, lors des grandes augmentations de salaires. Les rattrapages ont donc eu lieu. Un repli était inévitable », souligne un économiste, qui rappelle la baisse importante du marché de l’automobile en 2013, qui se poursuit en 2014, avec une chute de 27% au premier semestre par rapport à la même période de 2013. Pour lui, « les Algériens ont étanché leur soif de dépenses. Ils passent désormais à autre chose, trouver de bonnes formules de placer leur épargne ».
Le logement, avec l’apparition de formules adaptées aux couches moyennes, offre une possibilité de placement attractive pour ceux qui y ont accès, à défaut de placements classiques plus attractifs. Cela permet également d’éponger une partie des liquidités en circulation.Un économiste estime également que la pratique des placements en devises fortes achetées au marché noir commence à se banaliser. C’est une formule qui aide de nombreuses familles à se détourner de la consommation effrénée, particulièrement chez une catégorie de revenus moyens supérieurs.
Le FMI, de son côté, place la maitrise de l’inflation parmi ses priorités. Cela permet de maitriser les grands équilibres macro-économiques auquel il est attaché , mais aussi de protéger les groupes les plus vulnérables. « Ce sont en effet les ménages les plus pauvres qui sont touchés par l’inflation, », selon le chef de la délégation du FMI qui a séjournée en Algérie.