Plus de 6 500 chefs d’entreprise issus de la Jordanie, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie citent l’instabilité politique parmi les obstacles majeurs au développement des entreprises. Vient ensuite, par ordre d’importance, la corruption et l’informel.
L’instabilité politique, la corruption et les pratiques de la concurrence dans le secteur informel représentent les 3 difficultés majeures auxquelles sont confrontées les entreprises au MoyenOrient et en Afrique du Nord (MENA), selon une nouvelle enquête publiée mardi par la BERD.
Menée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, le Groupe de la Banque Mondiale et la BEI dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen (SEMED), l’enquête s’appuie sur des entretiens avec plus de 6 500 chefs d’entreprise choisis au hasard et exerçant dans divers pays de la région.
L’analyse de la BERD concerne plus particulièrement les quatre pays dans lesquels la Banque travaille actuellement dans la région SEMED : la Jordanie, l’Egypte, le Maroc et la Tunisie. L’instabilité politique figure parmi les cinq problèmes les plus souvent cités dans ces quatre pays. C’est même la préoccupation numéro un en Egypte et en Tunisie. Les entreprises d’Egypte et du Maroc considèrent la corruption comme le deuxième obstacle, par ordre d’importance, tandis que ce phénomène n’arrive qu’en quatrième position en Jordanie et en Tunisie.
Le mal de la corruption
Le rapport de la récente étude note que la corruption était l’une des raisons des soulèvements survenus dans le monde arabe. Dans trois pays sur quatre, les entreprises estiment que la concurrence du secteur informel fait partie des trois principales entraves à l’activité économique. Les chefs d’entreprise de Jordanie ne placent en revanche cette question qu’au neuvième rang.
Selon le rapport, le secteur informel s’est développé dans le sillage de systèmes bureaucratiques de plus en plus complexes et à la faveur d’une règlementation opaque et de garanties juridiques insuffisantes.
L’enquête réalisée révèle que l’activité se heurte à des difficultés variables en fonction du type d’entreprise. Les structures récentes – actives depuis moins de cinq ans – sont surtout gênées par des problèmes d’accès au foncier, de corruption et d’électricité, et moins par l’instabilité politique et la concurrence du secteur informel, même s’il existe bien entendu des différences selon les pays.
Les grandes entreprises – plus de 100 salariés – déplorent essentiellement la corruption, l’instabilité politique et un accès insuffisant aux moyens de financement. Toujours selon ce nouveau rapport, tous les pays de la région sont confrontés à des problèmes d’insécurité dus à l’extension de l’extrémisme et aux répercussions que peuvent avoir les troubles régionaux et certains chocs extérieurs.
Le manque de formation de la main d’œuvre
Les chefs d’entreprise du Maroc et de Tunisie citent en outre le manque de formation de la main d’œuvre comme étant l’un des trois principaux problèmes qu’ils rencontrent. «Au lendemain de la crise financière mondiale et des soulèvements arabes, les gouvernements des pays de la région SEMED sont à la recherche de solutions permettant de relancer la croissance économique», peuton lire dans le rapport de cette nouvelle étude.
«L’une des voies possibles consiste à générer un environnement économique plus propice, à même de dynamiser la croissance en mettant en place des conditions plus concurrentielles et plus équitables pour toutes les entreprises». Depuis que la BERD a déployé ses activités dans ces quatre pays, elle y a investi plus de 2 milliards d’euros, dans divers secteurs de l’économie.