La décision des autorités britanniques de suivre la voie de Trump et d’interdire en cabine les ordinateurs et les tablettes sur les vols en provenance de Tunisie écœure les tunisiens. L’ambassadrice britannique a été convoquée au ministère des affaires étrangères.
L’ambassadrice de Grande Bretagne à Tunis, Louise de Sousa, a été convoquée vendredi au ministère tunisien des affaires étrangères pour « apporter des explications » au sujet de la décision prise par les autorités de son pays d’interdire en cabine téléphone, ordinateur portable ou tablette sur des vols en provenance de 5 pays dont la Tunisie.
Selon le communiqué, le Directeur général Europe aux affaires étrangères, Mohamed Al-Mezeghni a exprimé la « surprise de la Tunisie au sujet d’une mesure prise sans consultation des autorités tunisiennes, ni information préalable ».
Le responsable tunisien a souligné que la mesure était « injustifiée » et ne « reflétait pas la réalité de la situation sécuritaire en Tunisie qui a connu une grande amélioration à la suite des efforts accomplis par les institutions sécuritaires et militaires pour sécuriser les infrastructures, les sites et les parcours touristiques ainsi que les voies de transit terrestres, maritimes et aériennes… ».
Une menace en « évolution constante »
Le communiqué souligne que Mohamed Al-Mezeghni a indiqué que ces mesures ont amené l’organisation internationale de l’aviation civile à classer les aéroports tunisiens « parmi les plus sûrs au monde ». « Les aéroports de Tunisie suivent les mêmes mesures de sécurité que celles appliquées à l’aéroport Heathrow à Londres », a-t-il indiqué.
Cette mesure et la persistance des autorités britanniques à lever le conseil aux britanniques d’éviter les voyages « non-essentiels » vers la Tunisie « suscite les interrogations » a indiqué le responsable tunisien surtout dans un contexte de coopération sécuritaire entre la Tunisie et le Royaume uni ».
Pour rappel, la Grande Bretagne a pris cette mesure à la suite d’une mesure prise par l’administration de Donald Trump d’interdire en cabine téléphone, ordinateur portable ou tablette sur des vols en provenance de Turquie et de cinq pays arabes : le Liban, la Jordanie, l’Egypte, la Tunisie et l’Arabie saoudite.
L’ambassade britannique à Tunis avait publié un message d’alerte faisant état d’un « risque accru de terrorisme contre l’aviation » et qu’il s’agissait d’une menace en « constante évolution » qui commande de « réagir en conséquence ».
« Le gouvernement britannique a donc décidé de mettre en place des mesures de sécurité supplémentaires pour les vols directs partant de la Tunisie vers le Royaume-Uni dans les prochains jours et au plus tard le 25 mars. Vous devriez coopérer pleinement avec les responsables de la sécurité. Si vous avez besoin de plus d’informations sur la façon dont cela peut affecter votre vol, contactez votre compagnie aérienne ou votre compagnie de voyage. Nous ne conseillons pas de voyager en avion vers et depuis la Tunisie ».
Un coup dur pour un tourisme en regain
Le message britannique est venu au moment où les professionnels du tourisme notaient un regain des arrivées de touristes étrangers. Une mesure qui fait fi du travail accompli par les services de sécurité tunisiens et constitue un mauvais coup pour le tourisme tunisien.
L’office du tourisme tunisien (ONTT) a relevé que les débuts de l’année 2017 sont prometteurs avec 231.336 visiteurs internationaux en janvier et 190.966 en février, soit une hausse de 19,8% et 38% sur un an.
« 2016 a été globalement une année qui a enregistré un début de retour à la normalité pour la Tunisie, une année sans aucun incident sur le plan sécuritaire. (…) Cette tendance à la hausse s’est consolidée en janvier et février » et « les tendances pour l’été 2017 sont positives », a indiqué le 8 mars dernier Neji Ben Othman, directeur général adjoint de l’ONTT.
En 2016, le tourisme a connu un regain avec 4,52 millions de visiteurs étrangers sur l’année, après une chute à 4,2 millions en 2015, année où plusieurs attentats ont ciblés des sites touristiques. La Tunisie enregistrait auparavant une moyenne de 6 millions de touristes étrangers par an.