Si l’OPEP devient, comme ce fut le cas de manière brève au milieu des années 1980, un terrain d’affrontement entre Arabie Saoudite et Iran, ses intentions risquent de ne pas être prises au sérieux. Et, du coup, certains membres, dont l’Algérie, peuvent se demander s’ils ont intérêt à rester en son sein.
Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) n’ont pas réussi à trouver un accord pour réduire leur production d’or noir afin de contenir la baisse des cours.
L’objectif n’était pourtant très ambitieux puisqu’il s’agissait de revenir à la production de janvier dernier et de maintenir ce niveau jusqu’à octobre prochain, date de la prochaine réunion de l’organisation.
Plusieurs pays non membres de l’OPEP étaient prêts à s’associer à cette démarche. Parmi eux, la Russie qui n’a pas ménagé ses efforts diplomatiques pour trouver une solution et qui se propose d’ailleurs d’accueillir la réunion de l’automne prochain.
Une responsabilité saoudienne
A dire vrai, cet échec n’a guère surpris au regard des positions prises par l’Arabie Saoudite et l’Iran au cours des jours qui ont précédé la rencontre de Doha au Qatar. Pour Riyad, la baisse de production doit concerner tous les membres de l’OPEP sans aucune exception. En clair, l’Iran ne saurait y échapper au prétexte de vouloir revenir à son niveau de production d’avant les sanctions (4 millions de barils par jour contre 3,3 millions de barils actuellement).
De son côté, Téhéran ne veut pas en démordre. Pas question de lui demander de réduire ses pompages alors qu’il s’estime en droit de reprendre les parts de marché que les sanctions internationales lui ont fait perdre au cours de ces dernières années.
Si une bonne partie des médias arabes accuse l’Iran d’être responsable de cet échec, il convient de relever que les Saoudiens ne pouvaient ignorer le caractère irrémédiable de cette issue en formulant une exigence de réduction de production pour tous.
Autrement dit, Riyad a fait passer la politique et des considérations de fierté nationale avant l’économie et l’urgence d’inverser la courbe des prix du baril. Cette affaire n’est que le prolongement de la guerre froide et par procuration que se livrent les deux puissances du golfe Arabo-persique.
Jusqu’où ira ce bras de fer ? Nul ne le sait et tout est possible y compris une concurrence par les prix encore plus féroce qu’aujourd’hui.
Crédibilité entamée
Ce qui est certain, par contre, c’est que la crédibilité de l’OPEP vient de prendre un sérieux coup. Pendant longtemps, le Cartel a vendu plusieurs images de lui-même. L’esprit de responsabilité en est une.
L’Organisation a toujours fait passer le message selon lequel l’un de ses objectifs principaux est d’assurer la permanence de l’approvisionnement. Cela personne ne le conteste. L’autre message concerne l’esprit de cohésion quelles que soient les circonstances et les tensions politiques.
L’OPEP se décrit volontiers comme une entité cohérente, solidaire et capable de bâtir des accords en interne au nom du pragmatisme et de l’intérêt de tous ses membres. C’est cela qui vient d’être sérieusement écorné.
Si l’OPEP devient, comme ce fut le cas de manière brève au milieu des années 1980, un terrain d’affrontement entre Arabie Saoudite et Iran, ses intentions risquent de ne pas être prises au sérieux. Et, du coup, certains membres, dont l’Algérie, peuvent se demander s’ils ont intérêt à rester en son sein.