L’Arabie saoudite et l’Iran, rivaux de longue date sur le marché pétrolier comme sur la scène diplomatique, émettent des signaux parfois contradictoires sur leur volonté de coopérer, tout comme la Russie. En coulisse, des experts de l’Opep s’efforcent de régler les derniers détails d’un accord de limitation de la production susceptible de faire remonter le prix du baril tout en permettant aux ministres du Pétrole qui le signeraient de crier victoire dans leur pays.
L’Opep pourrait aboutir la semaine prochaine à Alger à un accord de réduction de sa production totale de pétrole brut, ce qui serait une première en huit ans, estiment plusieurs responsables de l’organisation et des sources au sein de celle-ci.
Des discussions entre pays membres et avec la Russie – qui n’est pas membre de l’Organisation des pays exportateurs – doivent avoir lieu en marge d’une conférence internationale sur l’énergie à Alger, sur la base d’un constat largement partagé: entre 45 et 50 dollars, le prix du baril reste bien trop bas.
L’Arabie saoudite et l’Iran, rivaux de longue date sur le marché pétrolier comme sur la scène diplomatique, émettent des signaux parfois contradictoires sur leur volonté de coopérer, tout comme la Russie.
En coulisse, des experts de l’Opep s’efforcent de régler les derniers détails d’un accord de limitation de la production susceptible de faire remonter le prix du baril tout en permettant aux ministres du Pétrole qui le signeraient de crier victoire dans leur pays.
« Cette fois-ci, je crois que (la situation) est un peu différente parce que les circonstances sont un peu plus favorables », a déclaré jeudi Falah Alamri, le gouverneur irakien à l’Opep.
L’Irak, l’Arabie saoudite, l’Iran et la Russie ont chacun porté leur production à son plus haut niveau historique depuis un an pour tenter de conforter leurs parts de marché.
L’Irak est considéré comme l’un des principaux obstacles à un accord sur la production car il souhaite augmenter encore la sienne l’an prochain. La Russie et l’Iran, eux, ont probablement atteint un pic en matière de production tandis que l’Arabie saoudite n’a jamais fait la preuve qu’elle pouvait produire plus qu’aujourd’hui.
L’Irak affiche sa bonne volonté
Mais Falah Alamri assure que l’Irak ne barrera pas la route à un compromis. « Nous n’avons pas l’intention d’inonder le marché, nous avons l’intention de soutenir le marché (..) Nous ne participerons à aucune initiative qui se traduirait par une baisse des cours », a-t-il dit.
Une première tentative de compromis a échoué au printemps, l’Arabie saoudite ayant exigé que l’Iran contribue à l’effort collectif, ce que Téhéran a refusé en arguant de la nécessité de ramener ses pompages à leur niveau d’avant les sanctions internationales levées en début d’année.
La production iranienne a stagné ces derniers mois mais Téhéran insiste toujours sur la nécessité de bénéficier d’exemptions en cas d’accord au niveau de l’Opep.
Plusieurs sources ont rapporté que Saoudiens et Iraniens avaient eu des discussions cette semaine à Vienne pour tenter d’esquisser ensemble les contours d’un compromis.
« Il semble qu’ils veuillent tous aboutir à une forme de consensus à Alger. Cela se voit au nombre de réunions diplomatiques qui ont lieu. Il y a un vrai élan », a dit une source de l’Opep.
D’autres sources ont expliqué que les chiffres de production auxquels s’appliquerait un gel ou une baisse des pompages étaient au coeur du débat.
L’Opep travaille en effet avec deux séries de chiffres différentes: les estimations données par les pays membres eux-mêmes et celles établies par des experts indépendants, les « sources secondaires ».
La production de référence, élément clé des débats
Ces dernières sont considérées comme plus proches de la réalité de la production et les pays producteurs du Golfe insistent pour qu’elles servent de référence pour un éventuel accord, afin de permettre une meilleure surveillance des niveaux de production, ont dit plusieurs sources.
Une source a ajouté que si la production était gelée au niveau observé en début d’année ou à la moyenne des six premiers mois de 2016, cela représenterait de fait une baisse par rapport aux niveaux actuels.
« Logiquement, cela pourrait être considéré comme une réduction si (tout le monde) était d’accord pour utiliser les sources secondaires », a-t-elle dit.
Plusieurs autres sources ont précisé que la Libye et le Nigeria pourraient bénéficier d’exemptions, leur production étant actuellement limitée par des troubles.
L’Opep produit actuellement environ 33,5 millions de barils par jour (bpj), la Russie et les Etats-Unis 10 à 11 millions de bpj chacun. Ces niveaux élevés ont conduit à l’accumulation sur le marché mondial de stocks qui dépassent aujourd’hui trois milliards de barils, empêchant une remontée durable des cours.
Le ministre algérien du Pétrole a estimé que l’offre globale devrait être réduite d’au moins un million de bpj. La Russie, elle, se dit disposée à réduire la production de 5%.
Le secrétaire général de l’Opep a déclaré quant à lui qu’un accord éventuel limitant la production devrait rester en vigueur jusqu’en octobre 2017.
Pour Amrita Sen, du cabinet Energy Aspects, une réduction d’un million de bpj de la production de l’Opep réduirait les stocks mondiaux de 290 à 330 millions de barils en un an même si la remontée des cours favorisait une reprise de la production américaine.