Le premier journal d’information en ligne algérien est inaccessible depuis un mois sur l’internet fixe et à travers l’opérateur public Mobilis pour l’internet mobile.
C’est la ministre des Postes et technologies de l’information et de la communication (PTIC), Houda-Imane Faraoun qui a transmis par téléphone le soir du 05 octobre dernier une instruction au DG d’Algérie Télécom de couper l’accès à TSA. Cette information a été confirmée à Maghreb Emergent par plusieurs sources concordantes dans l’administration du gouvernement, auprès de providers d’accès à Internet et dans la « grande famille » d’Algérie Télécom et de Mobilis. Le directeur de TSA n’a pas démenti cette information, recoupant en grande partie l’investigation que nous avons tenté de conduire à ce sujet depuis un mois.
« Les langues n’ont commencé à se délier qu’il y a quelques jours depuis qu’il s’est précisé que la censure de TSA ne semble pas être une décision consensuelle entre la présidence de la république, l’Etat major de l’ANP et le palais du gouvernement », nous a affirmé un cadre à la retraite du secteur dirigé par Mme Faraoun. Il reste cependant deux questions en suspens, celle de savoir si la ministre des PTIC ne faisait que transmettre elle même une instruction « venue de plus haut » et celle de la motivation de cette censure. Pour une des sources sollicitées par Maghreb Emergent, « la piste des représailles personnelles » de la ministre n’est pas à écarter car TSA a été le premier à publier le projet de loi sur les PTIC, « une fuite que Mme Faraoun n’aurait pas apprécié », même s’il est plus admis que la censure de TSA est plus proche temporellement, d’une autre fuite, celle du projet de loi de finances 2018.
Hors la loi
Le silence gêné du gouvernement sur l’affaire TSA, montre bien la difficulté à être solidaire avec une décision liberticide peu embarrassée des formes. La censure des sites proches du MAK (mouvement politique kabyle devenu indépendantiste) a été signifiée à l’ARPT aux providers internet suite à des décisions de justice, certes prises dans le quasi-secret, mais finalement notifiée. Le blocage de TSA sur les opérateurs publics se déroule depuis un mois sans le moindre souci de respect d’une quelconque procédure de rétorsion prévue par la loi.
Le collectif des éditeurs des médias électroniques en cours de constitution d’une association professionnelle, a dénoncé cette double atteinte aux libertés d’internet et de la presse et a appelé le gouvernement algérien à cesser le blocage de TSA sans délai. Les éditeurs de la presse électroniques ont affiché des Unes noires en protestation de cette censure les lundi 23 et mardi 31 octobre derniers. Ils ont également lancé un appel au dialogue avec le ministère de la communication avant toute publication unilatérale de cahier des charges liée aux métiers de l’édition de presse digitale.