Dans le Hoggar algérien, chercheurs et trafiquants d’or font feu de tout bois. Ils sont des dizaines de subsahariens, en particulier des maliens et des nigériens, bien équipés, à tenter l’aventure de l’orpaillage clandestin, dans les mines abandonnées de la wilaya de Tamanrasset. De l’or, pourtant ils en trouvent.
Une annonce de la gendarmerie nationale de Tamanrasset attire l’attention: en deux ans, entre 2014 et juin 2015, ses éléments ont arrêtés plus de 1200 individus, la plupart des libyens et subsahariens de différentes nationalités, s’adonnant à la recherche clandestine d’or. Et, entre les deux périodes, 1.193 détecteurs de métaux, comme ceux utilisés pour le déminage, ont été saisis, en plus de téléphone satellitaire Thuraya. En fait, la ruée vers l’or dans le sud de l’Algérie, au Hoggar, date de quelques années, après l’abandon de sites miniers par des équipes de recherches d’abord de l’ENOR, ensuite de la firme australienne GMA (Gold Mines of Australia) des gisements de Tirek-Amesmessa, qu’elle a hérité de l’ENOR dans le cadre d’une joint-venture. Mais, très vite, la GMA déclare le site non rentable et plie bagages. Depuis, les sites prospectés par la GMA et l’ENOR sont la cible d’un pillage féroce, alors que les abords des mines encore exploitées par l’ENOR sont convoités par les trafiquants d’or. Des saisies ont été opérées et portent surtout sur de l’or en poudre, selon la gendarmerie nationale de Tamanrasset.
De l’or, le Hoggar en regorge
»De l’or, il y en a au Hoggar. Il existe des potentialités importantes' », explique à Maghreb Emergent Brahmi Youcef, un des plus ancien cadre et prospecteur d’or dans le Hoggar avec l’ex-Sonarem, puis l’ORGM. Cet Algérois, parti à l’âge de 23 ans dans le Hoggar, n’est revenu qu’après sa retraite, après près de 40 ans dans le désert le pus dur de la planète. » Il y a un potentiel important dans le sud, en particulier à Tiririne, un bled où rien ne pousse, mais où l’or est là », ajoute t-il. »En fait, les trafiquants d’or africains travaillent dans cette zone, entre In Guezsam et Djanet. Il y des sites miniers d’importance dans la zone la plus aride du désert algérien », détaille t-il. C’est à Tiririne (450 km au sud-est de Tamanrasset) que le plus important gisement minier algérien a été découvert. Il est exploité actuellement par le groupe libanais Zakheem Inernational SA, un des deux soumissionnaires du projet en avril 2002. C’est dans les environs de cette mine qu’opèrent en fait les trafiquants d’or, dont la nationalité est très diverse, allant des libyens aux maliens, soudanais et autres nigériens. »Ce qui me chagrine, c’est que ces gisements sont à la merci du tout venant, alors que les anciens de la Sonarem, et de l’ORGM se sont défoncés pour trouver ces gisements », nous explique M. Brahmi, qui a dirigé l’équipe qui trouvé le gisement de Tirek-Amesmessa. Un gisement qui ne produit actuellement qu’un peu plus de 10 kg d’or par an.