Karoui Serhan, enseignant de droit à l’université de Khemis Miliana dans la wilaya de Ain Defla a été tué dimanche à la suite de coups portés par des instruments contondants (un marteau et un couteau) par deux étudiants.
Karoui Serhan, avait 44 ans, a été tué près de la cité 122 logements dans la wilaya de Tipaza, il laisse une épouse enceinte, également enseignante universitaire. Selon le journal Al-Hiwar, les auteurs du crime seraient deux étudiants tricheurs que l’enseignant avait décidé de traduire en conseil de discipline. Selon El Khabar, deux frères dans la « force de l’âge », suspectés du meurtre ont été arrêtés.
L’enseignant qui habite à Gué de Constantine avait reçu un appel téléphonique qui l’a amené à se rendre à Tipaza, où vivent les parents de son épouse, elle aussi enseignante dans la même université. C’est là où toutes les possibilités d’avenir que portait en lui cet universitaire qui n’a pas « laissé faire » ont été brutalement stoppées.
La nouvelle a un effet dévastateur dans l’université algérienne dont la déchéance, décrite récemment par le sociologue Nacer Djabi dans une lettre d’adieu, a atteint les abysses.
Le Syndicat des enseignants du supérieur solidaires (SESS) a souligné que cet acte grave traduit une « détérioration continuelle du climat au sein de l’université algérienne », où « la violence devient le principal moyen de régulation » des problèmes.
Il relève que les responsables du secteur ont tendance à banaliser ces violences et cite le cas d’une agression récente contre un professeur à l’université de M’sila, Mohamed Boudiaf. Deux inspecteurs ont envoyés par le ministère au chevet de l’enseignant « pour défendre une sorte d’amnistie et de pardon envers les étudiants coupables » de l’agression.
Fodil Boumala: « Qu’est ce que cette université où l’ignorance tue la raison? »
Dans un post sur sa page Facebook, l’universitaire Fodil Boumala s’indigne d’une situation où «l’université n’échappe à la poigne de la police que pour devenir la proie du marteau des étudiants baltaguis (nervis). Quelle est cette université qui ne produit plus de la connaissance et ne la transmet et qui est devenue l’antre où se déversent tous les maux du régime et de la société ?
De quelle université parle-t-on alors qu’elle est devenue un territoire de l’absurde, du business, de l’allégeance et de perversion des capacités et des ressources ? Quelle est cette université dont les doyens et les présidents, à quelques exceptions près, des gestionnaires de la corruption, de la triche, du détournement des deniers publics, de la vente des notes, des moyennes et des diplômes ?
Quelle est cette université qui s’est transformée au su et au vu de tous en bordel, sauf votre respect ? (..) Quelle est cette université qui produit l’ignorance, la violence, la corruption et où l’ignorance assassine la raison… ».