La première édition du prix, institué en 2014 par Maghreb Emergent, du nom du journaliste disparu était restée sans lendemain en 2015 et en 2016. L’Investigation de presse est un enjeu clé du droit de savoir pour choisir en connaissance.
Le prix Ali-Bey Boudoukha revient. Il va récompenser les meilleures enquêtes journalistiques de l’année 2016 dans les journaux papiers ou électroniques. Les articles parus durant le mois de janvier 2017 seront également pris en compte par le jury.
Les journalistes algériens ou étrangers travaillant dans des médias algériens, ou publiant en free-lance en Algérie, auront jusqu’au 28 février prochain pour envoyer leurs articles à [email protected]
Le prix Ali-Bey Boudoukha encourage l’enquête de presse sur l’ensemble des sujets de la vie publique et de l’actualité. Il veut mettre en valeur l’effort propre des journalistes pour faire éclater la vérité sur des affaires cachées (corruption, trafic d’influence) concernant le bien commun ou pour aider à comprendre des phénomènes de sociétés (exemple filière de la harga).
Le prix peut également récompenser des portraits fouillés sur des personnalités publiques dont la connaissance de l’itinéraire aide à la clairvoyance des opinions. Le 27 avril 2014, le jury avait primé trois travaux portant l’un sur les migrants algériens à Malte (Hacène Ouali), le second sur le trafic de sable (Meziane Abane) et le troisième sur le chômage (Mohamed Koursi).
Les articles d’investigation plus fréquents
Le prix Ali-Bey Boudoukha a sans doute eu tort de faire l’impasse sur l’année 2015. Son objet a enflé depuis deux ans. Les affaires ont été nombreuses et leur traitement dans la presse algérienne s’est quelque peu rapproché des règles de l’article d’investigation. Les sources pour déclencher des enquêtes s’ouvrent.
En donnant libre accès à des données habituellement tenues secrètes aux citoyens, les lanceurs d’alerte dans le monde ont permis aux journalistes de se lancer sur des dizaines de filières de toute sortes, le plus souvent liées à l’évasion fiscale et aux pots de vins (Wikileaks, SwissLeaks, Panama Papers).
Plusieurs personnalités algériennes dont la fille du premier ministre Abdelmalek Sellal, ou le ministre de l’industrie et des mines Abdeslam Bouchouareb, ont été citées dans les données mises à jour. Les enquêtes de presse qui ont tenté d’accompagner ces citations pour les rendre intelligibles au grand public ont connu des fortunes diverses dans le contexte algérien.
Plus que jamais, l’investigation de presse a besoin de soutien et de protection. A l’intérieur des rédactions, mais aussi par les lecteurs et les citoyens. A ce titre, les investigations sur le réseau de couverture des pots de vins partant de l’Italien Saipem pour parvenir à Chakib Khelil, l’ancien ministre algérien de l’énergie, via plusieurs sociétés écrans mériteraient de concourir à la 2e édition du prix Ali-Bey Boudoukha.
Un prix qui sera encore mieux doté qu’en 2014
En 2014, les trois lauréats s’étaient partagé les 300 000 dinars destinés à récompenser le meilleur article. Le jury présidé par Lotfi Madani, comme pour cette seconde édition, avait jugé qu’aucun article ne se détachait pour obéir tout à fait au cahier des charges de l’investigation de presse. D’où le partage sur trois lauréats.
Maghreb Emergent compte mobiliser une dotation plus forte et susciter un lauréat totalement en phase avec l’esprit du prix Ali-Bey Boudoukha. Il pourrait pour cela recourir à une levée de fonds sur le web. Le crowdfunding de 2014 avait permis au prix de disposer de 3450 euros auprès de 34 donateurs sur la plateforme kisskissbankbank. Un règlement intérieur du Prix sera publié dans les prochains jours. En attendant, les confrères peuvent commencer à envoyer leurs articles à l’adresse [email protected]
Maghreb Emergent va se rapprocher des directions des journaux et sites algériens afin qu’ils encouragent la participation de leur journalistes au Prix Ali-Bey Boudoukha. En 2014, El Watan, El Watan Week end et El Moudjahid étaient les journaux honorés par la distinction des trois lauréats.