Le Maroc pourrait augmenter de 20 % ses importations en provenance d’Afrique subsaharienne en réduisant de moitié ces tarifs douaniers.
Le Maroc qui souhaite développer ses échanges commerciaux avec les pays africains pourrait avoir de meilleures chances d’atteindre ses objectifs en réduisant davantage ses droits de douanes, estime la Banque africaine de développement (BAD) dans une récente publication.
« Analyse de la politique commerciale du Maroc – Impact de la politique tarifaire du Maroc sur sa position de hub à destination du reste de l’Afrique » est l’intitulé de cette publication qui révèle que le Maroc pourrait augmenter de 20 % ses importations en provenance d’Afrique subsaharienne en réduisant de moitié ces tarifs douaniers.
La BAD rappelle, à ce propos, que le Maroc a déjà fortement abaissé ses droits de douane ces dernières années sur les produits en provenance d’Afrique subsaharienne (-78 %, soit 39 points de pourcentage de moins depuis 1993). Une baisse « qui ne s’est pas traduite par une hausse de ses exportations vers cette région », déplore cette même institution.
Le rapport de la BAD signale, au passage, que « l’écart entre le taux moyen des droits de douane que le Maroc pratique avec les pays européens et la moyenne des droits de douane appliqués aux pays africains s’élève à quelque 17 points de pourcentage ».
De leur côté, les pays africains, « appliquent à leurs importations marocaines des tarifs douaniers supérieurs de 3 ou 4 points en moyenne aux tarifs pratiqués pour leurs importations d’Europe ou des États-Unis », poursuit le même document.
La BAD précise, justement, que de nombreux pays africains dont le Maroc ont beaucoup renégocié leurs droits de douane avec des pays non africains. Il leur est donc « devenu plus aisé de commercer avec l’Europe, l’Asie ou les Etats-Unis qu’avec leurs propres voisins et pairs continentaux », constate le rapport.
Augmenter les exportations
Le document indique, en outre, qu’une « réduction de moitié des droits de douane pratiqués par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) – principal partenaire économique du Maroc en Afrique – entraînerait une hausse de 5 % environ des exportations marocaines ». Le Maroc pourrait également faire augmenter ses exportations « de 15% vers les pays du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) avec une baisse identique des tarifs douaniers ; et de 23 % au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Mieux, la hausse des exportations marocaines pourrait atteindre 40 % dans le cas de la Communauté de l’Afrique de l’Est (CAE) », ajoute la même source.
Concernant la situation actuelle des échanges entre le Maroc et le reste du continent africain, la BAD fait état d’une croissance continue au cours de ces dernières années avec une progression de 20 %, soit plus de 1,5 milliard de dollars.
Néanmoins, le volume de ces échanges demeure modeste en valeur absolue, souligne le document qui note que l’Afrique subsaharienne représente aujourd’hui un peu plus de 6 % des exportations marocaines et un peu moins de 1 % de ses importations (contre 5 % en 1993). En tant que destination des exportations africaines, le Maroc occupe la 95e place, avec seulement 0,05 % des exportations de la région (contre 0,07 % en 1993 et 0,36 % en 1998), d’après le document de la BAD.