Les conséquences de l’instabilité géopolitique plombent le secteur touristique en Tunisie. La fréquentation européenne a chuté tandis que le nombre de visiteurs en provenance d’Algérie augmente.
Les répercussions de l’attentat du musée Bardo, en date du 18 mars 2015, se font douloureusement sentir. « L’image de la Tunisie devient celle de l’instabilité et de l’insécurité pour les touristes », explique à la TAP, Houssem Ben Azouz, le président du Groupe Professionnel tourisme à la CONECT (Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie).
Des variations différenciées selon la provenance des touristes
Dans le palmarès de la baisse des fréquentations, on retrouve les Français en première position. En effet, entre 2010 et 2015, le nombre d’entrées françaises a baissé de 62,8%, ne représentant plus que 210 776 entrées. Sur la même période, les touristes italiens ont diminué de 62,8%, et ne marquent plus que 42 617 entrées. Si l’on compare toujours 2010 et 2015, la fréquentation allemande aura diminué de 26,3% pour atterrir à 118 075 entrées.
Du 1er janvier au 20 juin 2015, le département du tourisme fait état d’une baisse du nombre de touristes maghrébins de 22,5% en comparaison avec 2014 – et de 35,6% avec 2010. Ce mauvais résultat s’explique par une diminution des entrées libyennes de plus de 38,3% sur cette période. A l’inverse, le nombre de touristes algériens a augmenté de 8% entre 2014 et 2015 et de 36,6% par rapport à 2010. Les Algériens représentent 481 299 visiteurs.
Les recettes ont chuté de 9,6%, de janvier à mai 2015, en comparaison avec la même période en 2010. Elles s’élèvent à 966,1 millions de dinars. Lorsqu’on compare avec l’année 2014, où les recettes atteignaient 1 138,1 millions de dinars, la régression est de 15,1%.
La nécessité de réorganiser le système sécuritaire
« Cette situation difficile va se poursuivre cette année, du fait que la saison touristique 2015 est déjà engagée… Nous devons nous mobiliser davantage l’année prochaine pour regagner la confiance du touriste », recommande Houssem Ben Azouz. Les professionnels du secteur attendent beaucoup d’une réorganisation du système sécuritaire. Le dispositif actuel doit être perfectionné.
« Nous devons passer un message de confiance axé principalement sur la réorganisation du système sécuritaire, la multiplication des efforts en matière de propreté et d’hygiène du milieu et le lancement d’actions de communication », poursuit-il. Toutefois, cette baisse de l’activité touristique qui résulte de la conjoncture, et principalement de troubles géopolitiques, ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt. Les problèmes structurels auxquels est confronté le secteur du tourisme en Tunisie doivent être considérés.