La baisse des réserves de change dessine un « avenir inquiétant » si rien n’est fait rapidement, estime le Pr Abderrahmane Mebtoul qui a dressé un bilan « mitigé » de l’emprunt national : il n’a pas attiré l’argent de l’informel.
L’Algérie doit avoir une vision stratégique pour développer son appareil productif, tout en se fixant comme priorité de combattre l’informel qui représente aujourd’hui 50% de l’espace économique national, assure le Pr Abderrahmane Mebtoul, économiste et consultant international qui s’exprimait, ce mercredi, au micro de Radio M.
D’après lui, la baisse des réserves de change du pays, passées de 190 milliards de dollars en 2013 à 114 milliards de dollars, récemment, dessinent les contours d’un avenir inquiétant, si aucune mesure sérieuse n’est prise entretemps.
Développer la production nationale représente, à ses yeux, un objectif primordial. Il estime, dans ce contexte, que la dévaluation du dinar ne peut plus être l’unique outil à employer pour soutenir l’économie.
« Lorsque vous dévaluez le dinar par rapport au dollar vous gonflez artificiellement la fiscalité des hydrocarbures et lorsque vous importez en euro vous gonflez la fiscalité ordinaire donc, c’est une solution qui limite la marge de manœuvre. Le grand défi c’est de relancer la sphère réelle de l’économie », a-t-il assuré.
Il rappelle, à ce sujet, que la valeur d’une monnaie est liée « certes à la confiance mais aussi à la production et la productivité ». D’après lui, la mise en œuvre immédiate de réformes permettant de développer le secteur productif portera ses premiers fruits au bout d’une période de quatre à cinq ans.
Subventions ciblées ? Impossible en l’absence d’un système d’information fiable
Interrogé au sujet des subventions ciblées, le Pr Mebtoul fera remarquer qu’une cellule de réflexion a été mise en place, par le ministère des finances et le Premier ministère pour faire des propositions à ce sujet. Mais l’absence d’un système d’information national détaillé et performant rend impossible l’identification des catégories de consommateurs supposées bénéficier de subventions ciblées, a-t-il déploré. Il est donc nécessaire de mettre en place, en premier lieu, ce système d’information pour pouvoir prendre les bonnes décisions, dira-t-il.
Concernant l’emprunt national lancé l’année dernière, l’invité de RadioM a parlé d’un «résultat mitigé ». Il a déploré le fait que ce dispositif n’ait pas attiré l’argent de l’informel, mais seulement un argent qui était déjà dans des banques avec des taux d’intérêt moindre que ceux proposés dans le cadre de l’opération d’emprunt national. Pour lui, le dispositif a encouragé « les actions spéculatives ».
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