La Banque mondiale a annoncé l’approbation d’un projet de 100 millions de dollars (229 millions de dinars) pour soutenir une gestion améliorée des forêts, pâturages naturels et terres agricoles dans le nord-ouest et le centre-ouest de la Tunisie.
L’objectif du projet est “de favoriser une hausse de l’emploi et des revenus dans des régions qui concentrent près de la moitié des populations les plus pauvres du pays”, précise un communiqué de la BM publié mardi.
“Une gestion intégrée de ces espaces permettrait en effet de lutter contre les conséquences du changement climatique et de protéger des ressources naturelles qui sont essentielles à la préservation des moyens de subsistance locaux, fortement tributaires de l’agriculture, des forêts et des pâturages, mais aussi d’accroître la valeur de leur production, pour la faire passer de 16 millions de dollars (36, 64 MDT) à 75 millions de dollars (171,75 MDT), et de créer quelque 25.000 emplois”, ajoute la même source.
Le projet de gestion intégrée des paysages dans les régions les moins développées de la Tunisie financera les composantes indispensables à une meilleure gestion des ressources naturelles; à savoir la disponibilité de données plus précises pour prendre des décisions avisées, des lois en faveur d’une gestion améliorée et intégrée, et le renforcement des compétences techniques et managériales des nombreux acteurs de l’agriculture aux niveaux national, régional et local.
Il appuiera également l’introduction de pratiques agricoles appropriées dans le contexte de la lutte contre le changement climatique et créera des conditions propices à la croissance économique en promouvant la création d’alliances productives et le développement de chaînes de valeur au niveau des communautés.
“La gestion durable et intégrée des paysages a un rôle important à jouer dans l’amélioration des conditions de vie des habitants des régions rurales défavorisées, affirme Eileen Murray, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la Tunisie.
“Le potentiel de croissance est significatif si on aide les communautés locales à se réorienter vers des produits à plus forte valeur ajoutée et vers des marchés mondiaux en expansion. Cette aide profiterait en particulier aux femmes, qui forment plus de la moitié de la main-d’œuvre rurale, voire jusqu’à 80% dans les régions du Nord-Ouest et du Centre-Oues”, a-t-elle encore indiqué.
Les effets conjugués du surpâturage, de la déforestation et du changement climatique représentent une menace importante pour les ressources naturelles et l’agriculture tunisiennes, ainsi que pour le bien-être des populations rurales qui en dépendent.
Les coûts de la déforestation
On estime à 14 millions de dollars (32, 06 MD) par an le coût de la déforestation et de la dégradation des forêts, et à 36 millions de dollars (82,44 MD) par an celui de la dégradation des pâturages naturels et du défrichement.
Le projet contribue à lutter contre cette menace conformément à la stratégie nationale dont s’est dotée la Tunisie et qui vise, d’une part, à promouvoir la gestion durable des ressources naturelles et l’économie verte et, d’autre part, à passer d’un processus de décision descendant à une approche ascendante responsabilisant les communautés locales.
Le projet comportera également un volet ayant pour objectif spécifique de multiplier et améliorer les possibilités offertes aux femmes, qui forment l’essentiel de la main-d’œuvre rurale dans les deux régions, et aux jeunes.
” La centralisation du processus de décision limite la capacité des communautés locales à gérer et à protéger leur environnement “, explique Taoufiq Bennouna, spécialiste senior de la gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale.
Les choses sont en train de changer, et ce projet a pour objectif de soutenir cette évolution. Les communautés locales, en travaillant de concert avec les institutions nationales et régionales et en s’ouvrant aux marchés mondiaux, joueront un rôle essentiel pour mettre en œuvre des stratégies coordonnées qui, non seulement préservent les paysages pour les générations futures, mais favorisent également les opportunités économiques et la croissance dans les régions sous-développées”.
Le ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche sera chargé d’exécuter le projet, en suivant les orientations d’un comité directeur interministériel et de conseils régionaux dans chaque gouvernorat. Des conseils de développement locaux mèneront, en outre, le processus consultatif en vue de recenser les sous-projets que le projet viendra financer ; ces conseils seront largement représentatifs de la population locale et offriront notamment aux femmes et aux jeunes la possibilité de prendre part aux décisions locales.