La concrétisation du projet déjà ancien de Banque Postale bute encore sur une absence de volonté politique. Le projet de loi sur la poste et les TIC qui autorisait sa création a été retiré de l’agenda du gouvernement.
Les performances du système financier national en matière d’« inclusion financière » de la population algérienne sont en progrès sensible. C’est en tous cas ce qu’a souligné le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, dans une communication prononcée à l’occasion de la 21e Conférence des gouverneurs des Banques centrales des pays francophones, tenue récemment à Dakar. Pour M.Laksaci, le nombre de guichets de banque (y compris les guichets de CCP et Trésor) pour une population de 100 000 personnes est en légère progression, soit 13,1 agences en 2013 contre 12,7 en 2010.
On note ainsi avec intérêt que le niveau des performances nationales a été rehaussé par l’inclusion des 3000 guichets de bureaux de poste qui permettent à notre pays d’afficher des résultats honorables dans les forums internationaux, alors que la prise en considération des seuls guichets bancaires (environ 1500 agences au niveau national) souligne, au contraire, le retard persistant accusé par l’Algérie dans ce domaine. C’est sans doute la raison pour laquelle et « malgré les progrès réalisés », le gouverneur de la Banque d’Algérie a estimé également que « beaucoup reste à faire pour approfondir l’inclusion financière sur le moyen terme ».
Un projet déjà ancien
Sur le chemin qui reste à parcourir, le projet de « Banque postale » régulièrement évoqué par les autorités du secteur au cours des dernières années tarde à se concrétiser. L’idée, mise en œuvre dans beaucoup de pays comparables à l’Algérie (depuis 8 ans par exemple au Maroc), ne manque pourtant pas d’attraits. Il s’agit essentiellement d’exploiter le vaste réseau des agences postales existantes, qui assure un maillage serré du territoire national pour faire franchir à la bancarisation de la population algérienne, et spécialement à l’inclusion financière des algériens à revenus modestes, un palier important. En juin 2004 déjà, le ministère des Postes et des TIC avait commandé une « étude stratégique sur le développement des services financiers de la Poste » au bureau d’étude international Ernst et Young. Elle examinait, pour le développement de la « Banque Postale », 3 scénarios économiques principaux, dont la création d’une filiale à 100% d’Algérie Poste, le lancement d’une filiale commune avec la CNEP-banque, ainsi que le maintien du schéma transactionnel actuel moyennant une amélioration sensible de la qualité de service.
Les clientèles, « captives » et nombreuses, des fonctionnaires, des retraités, voire des étudiants étaient susceptibles d’être les cibles privilégiées de cette banque à vocation « populaire ».
Effets d’annonce
Depuis cette date, les effets d’annonce ont été nombreux. La Banque postale a d’abord été annoncée pour 2009, puis 2012. On évoque maintenant 2015. Selon nos sources, la concrétisation du projet a d’abord besoin d’une mise à jour du cadre juridique. Pour la loi algérienne, la Poste n’est pas un établissement financier (au sens de la Loi sur Monnaie et le Crédit), malgré près d’une dizaine de millions de comptes CCP auxquels s’ajoute les ressources collectées pour le compte de la CNEP, sans parler des 6 millions de porteurs de cartes magnétiques estampillées Algérie Poste, qui font de l’opérateur public un des principaux acteurs du développement de la monétique algérienne.
Après la réforme du début des années 2000 qui avait créé Algérie Poste en le dotant du statut d’Epic et séparé les 3 fonctions de réglementation, de régulation et d’exploitation, la nouvelle loi sur la Poste et les TIC en préparation depuis plusieurs années, prévoyait expressément la création de la Banque postale. Elle ne figure plus à l’agenda du gouvernement depuis septembre 2013.
Les « chantiers préalables » déjà lancés
Une décision qui a provoqué une certaine frustration au sein des équipes qui planchent de puis de nombreuses années sur le projet.
Dans l’attente du feu vert politique, nos sources soulignent que de nombreux « chantiers préalables » à la création de cette institution ont déjà été lancés. Ils portent sur le modèle économique de la future banque mais aussi, sur la mise à niveau des systèmes d’information, la modernisation du réseau et l’adaptation des locaux aux nouvelles fonctions bancaires ainsi que la reconversion des personnels vers les métiers du crédit.