Après les banques chinoises pour le port de Cherchell, la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sera-t-elle le prochain partenaire international sollicité pour participer au financement des infrastructures économiques algériennes ?
Selon M. Román Escolano, vice-président de la Banque européenne d’investissement (BEI) en charge des activités de la banque au Maghreb, des contacts sont en cours avec les autorités algériennes. Dans un entretien accordé au site «econostrum.info», le vice-président de la BEI a indiqué que même si les autorités algériennes «poursuivent jusqu’à présent une politique de non recours à l’endettement extérieur, il existe aujourd’hui une volonté des deux parties de changer les choses». Román Escolano, qui a confirmé l’existence de négociations entre les deux parties, précise que « nous restons en communication en permanence avec les autorités algériennes.» Il a affiché la disponibilité de la BEI, en affirmant que «des changements » pourraient intervenir au courant de 2016. Le responsable de l’institution de financement européenne a ajouté que « la BEI connaît bien le pays et les interlocuteurs », ce qui pourrait faciliter davantage «l’entente sur un projet à la hauteur des attentes de l’Algérie».
La Banque de l’UE
Peu connue en Algérie en raison de la politique de désendettement mise en œuvre au cours de la décennie écoulée qui a eu pour effet « collatéral » de geler la coopération internationale, la BEI est généralement considérée comme le « bras financier » de l’Union européenne. Première institution financière multilatérale au monde par le volume de ses prêts et de ses emprunts, son activité est axée à plus de 90 % sur l’Europe, mais elle soutient aussi les politiques européennes de coopération extérieure. La BEI se procure l’essentiel des fonds qu’elle prête en émettant des obligations sur les marchés internationaux des capitaux. Son excellente cote de crédit lui permet d’emprunter à des « conditions avantageuses dont elle peut dès lors faire bénéficier ses clients », selon les responsables de cette institution. La BEI finance des projets de développement dans 140 pays hors Union Européenne (UE). Elle octroie des financements à des projets aussi bien publics que privés dans les pays avec lesquels l’UE est liée par un accord de coopération ou de partenariat. Ces projets portent essentiellement sur les secteurs des transports, de l’énergie, de l’industrie et des routes.
Une forte présence au Maghreb
La BEI est très présente au Maghreb avec 6,7 milliards d’euros d’engagements déjà consacrés à la région et des formes d’investissement qui se sont fortement diversifiées au cours des dernières années. En Tunisie, la volonté affichée par les dirigeants des l’Union européenne d’apporter leur soutien au pays dans le sillage du « printemps arabe » s’est traduite par plus d’1 milliard d’euros de financement accordé à la Tunisie sur la période 2011- 2014 avec l’objectif annoncé d’un niveau de soutien de 500 millions d’euros par an.
C’est au Maroc que l’engagement de la BEI est le plus important avec des investissements réalisés dans le secteur autoroutier, des énergies renouvelables et des infrastructures stratégiques qui ont un effet concret sur l’évolution de l’économie marocaine (Tanger Med, industrie automobile…). Outre cette « intervention historique » dans le financement des infrastructures, la BEI oriente aujourd’hui beaucoup de ses interventions dans la région vers la formation du capital humain et l’appui aux PME. Elle vient designer voici quelques mois un accord de coopération avec la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) marocaine avec l’objectif d’améliorer l’accès au financement pour les PME.