L’assemblée générale de la Confédération Générale des Entreprises Algériennes (CGEA) place Nacer Berkani à sa tête. Mme Saïda Neghza, ancienne présidente, est ainsi désavouée dans un contexte d’accusations judiciaires. Accusée, avec deux autres candidats à la dernière présidentielle, de trafic de parrainage, elle attend son procès dans lequel elle ne recevra visiblement pas le soutien de la Confédération.
L’un des épisodes les plus marquants ayant précipité la fin de la présidence de Saïda Neghza à la CGEA concerne l’accusation de trafic de signatures de parrainage pour la présidentielle. Quelques semaines après le dépôt de son dossier de candidature auprès de l’Autorité Indépendante des Elections (ANIE), Naghza se voit déboutée pour insuffisance de parrainages. Elle monte au créneau, et accuse sur sa page Facbook l’ANIE de fraude et dans une conférence de presse se déclare prête à entrer en guerre pour faire valider sa candidature à la présidence.
Mais une enquête sur un trafic de parrainages la met en cause et son recours contre la décision de l’Autorité Indépendante devient une affaire secondaire. Selon le procureur général près la cour d’Alger, elle aurait orchestré une opération « d’achat de signatures en échange d’une recommandation en vue de se présenter aux élections présidentielles ». Une cinquantaine d’élus auraient reconnu avoir perçu de 20 à 30 000 dinars.
Naghza nie fermement les faits et reste en attente de son jugement. Mais la première sentence est tombée ce lundi avec l’élection de Nacer Berkani. À l’issue de l’AG élective, écrit l’APS, il « a salué l’intérêt que porte le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, au secteur privé et à son rôle dans le développement économique, soulignant que la CGEA s’apprête à se lancer dans une nouvelle dynamique en vue de redresser son parcours ».
Un leadership controversé
Cette attitude tranche radicalement avec celle de Mme Naghza. En septembre 2023, elle adressait une lettre ouverte au président Abdelmadjid Tebboune. Elle y critiquait ouvertement sa gestion des affaires économiques. La réponse, virulente, viendra de l’APS. Une dépêche la décrit comme une « nostalgique de l’ordre ancien », une partisane de « l’inertie » en « total déphasage » avec « les transformations profondes que connait l’Algérie ». Connue pour son style direct et son langage châtié, la présidente de la CGEA s’en était prise au directeur de l’agence officielle.
L’élection de Berkane et la diffusion de ce communiqué marquent l’apaisement des relations entre la CGEA et l’APS. Mais le conflit avait amplifié les divisions internes au sein de la CGEA, de nombreux membres estimant que Mme Neghza avait perdu la neutralité nécessaire pour défendre efficacement les intérêts de la Confédération, l’isolant des autres organisations patronales et des décideurs politiques. Aujourd’hui, Saida Naghza est elle-même isolée de sa base et Berkani annonce, au travers de sa déclaration, qu’il s’emploiera à faire oublier son héritage.