La fin d’année étant toujours propice au bilan, l’économie ne saurait donc échapper à cet exercice. Que faut-il alors retenir de 2016 ? A bien des égards, le pétrole et ses prix auront été l’un des points marquants de l’actualité.
L’année avait commencé dans la déprime et dans les prévisions les plus pessimistes (on parlait d’un baril à moins de vingt dollars). Depuis fin novembre, accord de réduction de la production au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) oblige, on est passé à plus d’optimisme avec des cours à la hausse.
Question d’importance : la tendance se maintiendra-t-elle pour 2017 ? Nombre d’experts en sont persuadés mais préviennent qu’un retournement est toujours possible pour peu que l’économie chinoise ralentisse encore.
La Chine se redéploie
Justement, parlons de l’ex-empire du milieu. En 2016, le monde s’est habitué à une idée qui peut paraître banale mais qui a longtemps été considérée comme inquiétante (impossible ?). Avec moins de 7%, voire moins de 6%, de croissance du Produit intérieur brut (PIB), l’économie chinoise ne fait plus d’étincelles.
Le temps des taux à deux chiffres semble ainsi révolu. Cela influence la conjoncture mondiale, cela affecte les pays exportateurs de matières premières, notamment africains, mais cela amène une nouveauté.
Pour les autorités de Pékin, l’heure est plus que jamais à la rationalisation et à la recherche de nouveaux débouchés à l’étranger grâce à d’importantes réserves de change : entreprises, infrastructures, notamment portuaires, terres arables, la Chine a été à l’offensive en 2016.
Ses acquisitions via des conglomérats d’Etat inquiètent ici et là. Aux Etats-Unis, le président élu Donald Trump désigne ce pays comme un «ennemi» et menace de déclencher une guerre commerciale contre lui. En Europe, des voix s’élèvent pour mettre en garde contre les prises de contrôles des fleurons européens par des intérêts chinois. Un dossier à suivre en 2017.
L’année 2016 restera aussi marquée par l’émergence d’un nouveau terme, celui d’«uberisation ». Tiré du nom de l’entreprise de transport pour particuliers Uber, ce mot résume une tendance de fond d’une partie de l’économie de service. C’est la combinaison des nouvelles technologies de l’information alliée aux nouveaux modes de consommation.
Grâce aux « applis » (applications, c’est-à-dire des programmes informatiques) des téléphones mobiles dits intelligents, le client se met directement en contact avec son fournisseur de service. Les coûts sont réduits et le nombre d’intermédiaires sont diminués.
Dans de nombreuses activités, le ticket d’entrée, autrement dit ce qu’il faut investir pour un nouveau venu dans le secteur, est lui aussi moins important. Cela ouvre de nouvelles opportunités, cela avive la concurrence et cela bouscule les opérateurs traditionnels.
Durant 2016, l’uberisation a été mise en accusation pour au moins deux raisons : la première, c’est qu’elle détruit des emplois ou bien alors qu’elle détruit de «bons» emplois pour les remplacer par des postes précaires. De nombreuses études mettent en garde contre la disparition de millions de postes de travail ce qui aurait des conséquences sociales et politiques graves.
La seconde, c’est que cette mutation économique est orchestrée par des multinationales qui excellent dans «l’art» de payer le moins d’impôts possibles. Il ne fait nul doute que ces questions se poseront en 2017.
A quand, le revenu pour tous ?
Autre thème très commenté en 2016, celui du revenu minimum universel. Le principe en est simple : une somme d’argent pour tout le monde et tous les mois. Une utopie ? Pas si sûr. Des pays scandinaves testent déjà des dispositifs comparables. L’objectif ? Faire sortir les gens de la précarité, offrir un revenu complémentaire à ceux qui travaillent déjà (et qui pourraient donc être tentés de moins travailler ce qui offrirait plus d’opportunités aux chômeurs).
Très réticents à l’égard de ce thème longtemps porté par l’extrême-gauche, les grands partis politiques européens s’en sont finalement emparés. Cela débouchera certainement sur quelque chose. Espérons alors que l’Algérie et d’autres pays arabes se pencheront enfin, et dès 2017, sur cette question susceptible d’amoindrir nombre de tensions sociales.