La compagnie aérienne espagnole Swiftair a été mise en examen pour homicide involontaire jeudi dans le cadre de l’enquête ouverte à Paris sur le crash d’un vol d’Air Algérie qui a fait 116 morts, dont 54 Français, le 24 juillet 2014 au Mali, a-t-on appris de source judiciaire.
C’est un avion McDonnel Douglas MD-83 et deux pilotes de Swiftair, un homme et une femme, qui effectuaient ce vol entre Ouagadougou et Alger pour le compte de la compagnie algérienne. Il est essentiellement reproché à la compagnie espagnole une formation et un entraînement insuffisants des deux pilotes, qui étaient saisonniers, avec d’importantes périodes d’inactivité.
Le rapport d’enquête des autorités françaises et maliennes de l’aviation civile souligne notamment qu’ils n’avaient pas reçu d’entraînement aux situations de décrochage depuis leur entrée dans la compagnie, en juillet 2012 pour le commandant de bord et en juin 2013 pour sa co-pilote.
Or le décrochage de l’avion, qui a conduit à sa perte, est notamment dû à la non activation des systèmes antigivrage, qui a provoqué le dysfonctionnement de capteurs, et à l’absence de réactions appropriées de l’équipage, ont noté les enquêteurs.
Trois experts judiciaires ont conclu dans un rapport à des manquements en matière de formation et d’entraînement des pilotes par Swiftair, a précisé à Reuters Me Bertrand Courtois, avocat des familles de 55 victimes, essentiellement françaises.
« Les pilotes avaient été insuffisamment formés à récupérer l’avion en cas de décrochage », a-t-il expliqué. « L’insuffisance d’entraînement sur simulateur a peut-être même été dissimulée. »
Le rapport d’expertise judiciaire souligne que « Swiftair n’a pas respecté ses engagements concernant les formations complémentaires à mettre en place suite à de longues périodes d’inactivité », a-t-il ajouté.
Reuters