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Algérie

La Conférence du Club des Pins peine à définir une « vision stratégique »

Par Yazid Ferhat
novembre 11, 2014
La Conférence du Club des Pins peine à définir une « vision stratégique »

Animée des meilleures intentions,   la « Conférence nationale sur le développement économique et social » a finalement accouché d’une souris.

 

Durant trois jours,  Experts,  chefs d’entreprises,  syndicalistes,  représentants de la société civile et responsables de l’Administration ont tous été unanimes à souligner que l’attractivité de l’économie algérienne restait largement insuffisante. En réponse à ces préoccupations exprimées par les participants dont il  a salué l’ « enthousiasme » et la contribution à ce qu’il a désigné comme un « acte d’ingénierie fondateur »,  le ministre de l’Industrie,  M. Bouchouareb,   a expliqué que la stratégie mise en place par les pouvoirs publics  consiste à « faciliter la création des entreprises,  à améliorer l’attractivité de l’Algérie pour les investisseurs étrangers et à encourager la délocalisation d’entreprises internationales de référence vers l’Algérie ».

Des verrous pour libérer les initiatives

Malheureusement M. Bouchouareb a aussi  profité de la réunion  de presse organisée à l’issue de la Conférence  pour  annoncer clairement que la règle 51/49 ne sera pas supprimée,  mais sera juste déplacée du code des investissements,  « vitrine du pays en matière d’IDE ». Cette mesure du 51/49,  a poursuivi Abdeslam Bouchouareb,  sera,  par contre,  maintenue dans le dispositif réglementaire  lié à l’investissement et sera même élargie aux commerces de gros et de détail. Le ministre a néanmoins concédé  que le gouvernement restait  « flexible » quant à l’application de cette règle. Cette flexibilité sera mise en œuvre « si un investisseur nous apporte un segment qui  nous permettrait de nous  positionner dans la nouvelle division internationale du travail »,  a affirmé le ministre de l’industrie.

Même « flexibilité » pour les entreprises algériennes qui « ne sont pas  autorisées à investir à l’étranger »,   a affirmé Abdeslam Bouchouareb. « Il y a d’abord du travail à faire dans notre pays »,  a-t-il argumenté. « Investir à l’étranger va venir avec le temps »,  a ajouté le ministre. Quand aux groupes privés qui, à l’image de Cevital,  utilisent leurs propres ressources en devises pour effectuer des acquisitions d’actifs industriels,  Le ministre est clair  « Ces investissements à l’étranger ne nous concernent pas ». Deux beaux exemples d’ouverture qui vont certainement permettre comme dit le ministre de l’industrie de « libérer toutes les initiatives ». 

Climat des affaires,  c’est la faute à la Banque mondiale

On s’attendait à ce que le climat des affaires soit un des thèmes favoris de la Conférence et on n’a pas été déçu. Malheureusement ce n’est pas le climat des affaires en Algérie  qui a été sur la sellette mais  la méthode d’évaluation du climat des affaires par la Banque mondiale qui a été critiquée par  beaucoup de hauts fonctionnaires qui ont carrément appelé  à sa révision afin de « mieux refléter les efforts de l’Algérie en la matière ».

Le représentant du ministère du Commerce,  M.El-Hadi Bakir,  a considéré que l’Algérie avait engagé de gros efforts,  durant ces dernières années,  qui devaient se traduire plutôt par une avancée dans le classement annuel « Doing business » de la BM que par un recul. Un  avis partagé par un conseiller auprès du ministre de la Justice,  M. Aziz Aimene,  qui a indiqué que les réformes engagées par le gouvernement,  au cours de ces dernières années,  n’étaient pas prises en considération par les auteurs du rapport de « Doing business ».

Le représentant permanant de la BM en Algérie,  Emmanuel Noubissie Ngankam,  a dû concéder prudemment que  le Doing business était  un instrument qui a des imperfections et nécessitait,  donc,  des améliorations,  mais que c’est un « outil pertinent ». Ajoutant quand même,  en essayant de ne pas choquer des hauts fonctionnaires très susceptibles,  que «  la question de fond que l’Algérie doit poser est de savoir comment améliorer l’environnement des affaires et soutenir l’appareil de production pour éradiquer le chômage et sortir de l’économie mono-exportatrice ».

Najy Benhassine,  économiste à la BM et un des principaux animateurs du réseau Nabni,  a noté,  dans le même sens et moins diplomatiquement : « On peut continuer à se plaindre et à critiquer la méthodologie du Doing business,  mais le plus important est de travailler davantage pour assainir le climat des affaire en Algérie ». Finalement tout le monde s’est tout de même accordé sur la nécessité de «  la mise en place d’un plan d’action urgent pour améliorer le climat des affaires en Algérie » qui apparait comme  la  principale résolution de la Conférence même si sa mise en œuvre suscite de nombreuses  interrogations.

On reparle de l’ « autonomie de gestion des EPE »

Outre une véritable inflation de propositions en matière de « filières industrielles prioritaires à encourager », la conférence a également été marquée par les précisions apportées par M.Bouchouareb à propos de la nouvelle réorganisation du secteur public marchand qui vise selon lui « à assurer une autonomie de gestion aux Entreprises publiques économiques (EPE) ». Le ministre a précisé que cette autonomie qui sera conférée aux EPE va supprimer « toute intermédiation entre elles et le propriétaire qui est l’Etat ». Ce nouveau mode de management va  apporter des modifications à la composante des conseils d’administration des EPE,  « qui seront désormais constitués par des banquiers et des experts ». Les dirigeants des EPE seront en outre « tenus par des contrats de performance et bénéficieront à ce titre d’une augmentation de leur rémunération ». Interrogé,  par ailleurs,  sur le changement de cap en matière de financements des investissements publics qui doivent   désormais,  ainsi que l’a annoncé M Sellal  en ouverture de la Conférence,  être assurés en partie par le secteur bancaire,  le ministre a répondu que cette  orientation « donne un signal fort à l’économie,  qui doit être financée par les banques et non pas par le Trésor public ».

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