Le nouveau groupe qui naîtra de la fusion va peser 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compterait près de 130.000 salariés. La fusion doit être acceptée par les deux tiers des actionnaires des deux groupes lors d’assemblées générales extraordinaires. C’est une fusion qui a été difficile à conclure.
Les deux leaders mondiaux du ciment Lafarge et Holcim ont finalement trouvé, vendredi 20 mars, un accord pour réviser leur projet de créer le premier cimentier mondial : la fusion entre les deux groupes sera célébrée en juillet 2015, au lieu de la fin du premier semestre, a rapporté l’agence de presse Reuters. Le nouveau groupe va peser 32 milliards d’euros de chiffre d’affaires et compterait près de 130.000 salariés. « Au terme de plusieurs jours d’intenses négociations, Lafarge et Holcim ont convenu de conditions plus favorables au groupe suisse, la flambée du franc et des perspectives de résultats plus favorables du côté d’Holcim ayant changé la donne depuis l’annonce de la fusion en avril 2014 », écrit l’agence. Le siège du futur groupe sera basé en Suisse, mais il maintiendra son centre de recherche et développement dans la région lyonnaise. La fusion doit être acceptée par les deux tiers des actionnaires des deux groupes lors d’assemblées générales extraordinaires.
Le coup de force du PDG de Lafarge
« Je suis satisfait de l’accord qui a été trouvé parce qu’il va me permettre de contribuer à la réalisation et au succès de la fusion », a affirmé le PDG de Lafarge à l’AFP. Bruno Lafont qui a été l’artisan de l’acquisition de l’égyptien Orascom-qui a signé son entrée en Algérie-, a réussi le coup de force de se voir attribuer la coprésidence du futur colosse du béton malgré les tentatives du suisse Holcim de l’en empêcher. Une source proche du dossier a indiqué à Reuters que le choix du directeur général du nouveau groupe devrait être scellé « à temps » pour l’assemblée générale des actionnaires d’Holcim programmée le 7 mai. Le compromis obtenu par les deux groupes prévoit également d’ajuster l’accord initial pour un échange qui se fera désormais sur la base de 9 actions Holcim pour 10 actions Lafarge. Les Français tentent d’imposer un de leurs compatriotes pour le poste de Directeur général. Dans une interview au Figaro, Bruno Lafont a déclaré qu’il préférerait que le futur directeur général « soit quelqu’un de Lafarge » et précise que ce DG ne sera pas membre du conseil d’administration.
Les marchés ont salué le compromis
A la Bourse de Paris, Lafarge gagnait 2,79% à 64,04 vers la mi-journée. A Zurich, Holcim gagnait 0,92% à 76,50 francs suisses, selon l’AFP. Le cimentier suisse avait remis en cause dimanche à la fois les conditions financières de la fusion et la gouvernance de la future entité, mettant en danger le projet de créer un groupe. La fusion a failli ne pas avoir lieu, le groupe suisse ayant demandé l’ouverture de discussions autour de la parité d’une action Holcim pour une action Lafarge convenue dans le cadre de l’opération et sur le partage de gouvernance au cœur du projet initial. Lafarge a répondu qu’il était prêt à discuter, mais seulement d’un rééquilibrage de la parité. Holcim a demandé un ratio de 0,875 action Holcim pour une action Lafarge, tandis que Lafarge s’était dit prête à aller jusqu’à 0,93.