Depuis le pic des années 2011-2013, les échanges entre l’Afrique et la Chine se sont réduit de moitié. Selon le nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, l’Afrique doit plus que jamais diversifier ses économies, sortir de la dépendance à l’exportation des matières premières et mettre en place son propre marché de capitaux.
Les effets de la crise boursière chinoise se feront ressentir sur l’Afrique et cela va davantage concerner les pays qui exportent les matières premières vers ce pays, affirme le nouveau président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, dans un entretien au journal Le Monde (d’hier mardi). Et pour cause, les revenus de ces exportations vont se réduire en raison de la baisse de la demande chinoise en matières premières. Avec une conséquence ou un risque immédiat : la difficulté pour les pays les plus exposés à équilibrer leur budget. Il y a aussi un risque de dépréciation de la monnaie dans ces pays. « Mais cette crise est aussi un signal d’alerte pour l’Afrique, qui doit plus que jamais diversifier ses économies, sortir de la dépendance à l’exportation des matières premières et mettre en place son propre marché de capitaux », a-t-il souligné. Selon le Fathom Consulting Group, la plupart des pays africains n’équilibreront pas leur budget cette année en raison essentiellement d’une baisse de la demande chinoise en matières premières. Depuis le pic des années 2011-2013, les échanges entre l’Afrique et la Chine se sont réduit de moitié, et cette tendance n’est pas près de risque d’empirer.
Résoudre les inégalités entre les pays africains
L’ex-ministre de l’agriculture du Nigeria qui a pris officiellement ses fonctions hier à Abidjan, élu le 28 mai, pour un mandat de cinq ans, lors des assemblées annuelles de la BAD, a par ailleurs dévoilé les grands axes de son mandat à la tête de cette institution financière africaine de 100 milliards de dollars de capital (89 milliards d’euros). Ainsi, outre l’urgence de résoudre le déficit énergétique dont souffre l’Afrique, frein à son industrialisation, le successeur de Donald Kaberuka compte surtout résoudre les inégalités qui existent entre les pays et à l’intérieur des pays africains. « Nous allons mettre l’accent sur cette question, de même que sur le développement de l’agriculture et des infrastructures, si l’on veut sortir des millions de personnes de la pauvreté. Pour cela, la BAD doit être plus souple, plus efficace et plus compétitive », a-t-il déclaré. Le premier objectif de la Banque africaine de développement est, selon Adesina, de réduire le niveau de la pauvreté et de développer les infrastructures en Afrique. « Nous devons continuer à investir dans le secteur routier transnational, fluidifier le système maritime, désenclaver les zones du Sahel et favoriser l’agriculture. Si nous ne réussissons pas à ces niveaux, la pauvreté va augmenter et les drames qui vont avec, dont le terrorisme. Ce n’est pas ce qui était envisagé par les fondateurs de la banque », a-t-il avoué.
Mobiliser les ressources à l’intérieur des pays africains
D’autre part, le nouveau patron de la BAD se fixe comme autre objectif celui d’assurer à l’Afrique les moyens d’attirer les investissements. Un continent dont les besoins sont effectivement énormes et qui, pour l’instant, n’arrive à mobiliser que la moitié des 100 milliards de dollars nécessaires. Pour combler ce déficit, il faut développer des partenariats, souligne Akinwumi Adesina. Un chantier sur lequel il compte lui-même s’atteler pendant son mandat. Il s’agit, pour lui, aussi de trouver un moyen efficace de mobiliser les ressources à l’intérieur des pays et renforcer les dispositifs de collecte fiscale et de lutte contre la fuite des capitaux. « La question de la bonne gouvernance est cruciale, nous allons par exemple être attentifs à la gestion des ressources issues de l’exploitation des minerais », affirme le patron de la BAD.