Selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale, 70% des Algériens vivent désormais dans des zones urbaines, contre 52% en 1990, faisant des transports en commun une priorité stratégique.
Une série de travaux d’expansion du métro d’Alger, qui a fêté son cinquième anniversaire fin octobre, compte parmi les dernières initiatives mises en place par le gouvernement afin de réduire les embouteillages dont souffrent les grands centres urbains du pays.
Trois grands chantiers de prolongement du système de métro, deuxième en Afrique du Nord après celui du Caire, et dont la construction a coûté 1,1 milliard d’euros, sont actuellement en cours.
Le premier chantier prévoit un prolongement d’1,7 km de la ligne jusqu’à la Place des Martyrs, ce qui devrait permettre de multiplier par deux la fréquentation, qui passerait à 200 000 passagers par jour lorsque les travaux seront achevés fin 2017 ; quant au second, un nouveau tronçon de 3,6 km entre Aïn Naâdja et Baraki au sud du centre-ville, sa livraison devrait avoir lieu fin 2018. Enfin, un prolongement de 10 km entre El Harrach et l’Aéroport Houari Boumediene, dont les travaux ont démarré en 2015, comporte la construction de neuf nouvelles stations d’ici fin 2019.
Ces projets font suite à l’achèvement l’an dernier d’un projet de prolongement de 110 millions d’euros qui a fait passer la longueur totale du parcours du métro de 9,5 à 13,5 km.
Résultats du métro
Selon des chiffres publiés par la Banque Mondiale, 70% des Algériens vivent désormais dans des zones urbaines, contre 52% en 1990, faisant des transports en commun une priorité stratégique.
Si le transport automobile privé reste la manière de se déplacer la plus répandue dans le pays, les réseaux urbains tels que le métro d’Alger attirent chaque année de plus en plus de voyageurs. La fréquentation du système affiche une hausse constante, atteignant 100 000 passagers par jour en 2016, soit une hausse de 39% par rapport aux chiffres de 2014, selon le Ministère des Transports.
Cette solide croissance a contribué à renforcer les prévisions positives à moyen terme pour ce qui est des résultats du métro, l’opérateur de ce dernier espérant que les prolongements de la ligne aideront le métro à atteindre son seuil de rentabilité.
« Les recettes couvrent 60% des coûts d’exploitation, de maintenance et d’alimentation en énergie, » a déclaré Didier Lescouplé, Directeur Général de la société exploitante du métro, Régie Autonome des Transports Parisiens El Djazaïr, filiale du groupe francais RATP, dans les médias algériens fin mai. « Notre objectif, avec la mise en place des nouvelles extensions, la commercialisation de publicités, mais aussi l’installation de boutiques dans les stations, est de parvenir en 2020 à l’équilibre. »
Réseaux de tram et de bus
Outre les extensions du réseau de métro, d’autres grands projets sont actuellement en cours de réalisation dans le pays dans le domaine des transports en commun.
La construction d’une nouvelle ligne de tramway à Sidi Bel Abbès au nord-ouest du pays devrait prendre fin d’ici la fin de l’année, tandis que les chantiers des tramways d’Ouargla au nord-est et de Mostaganem sur la côte méditerranéenne devraient être achevés en 2017. La ville de Sétif au nord-est du pays devrait quant à elle voir sa ligne de tram entrer en service en 2018 : selon les estimations, les travaux de la ligne, dont le parcours s’étend sur 18,2 km, avaient atteint un taux d’avancement de 50% à la mi-2016.
Alger et Oran bénéficient déjà d’un tramway, tout comme Constantine, où une extension de 10 km est actuellement en cours de construction, pour un coût de 34 milliards de dinars (288,3 millions d’euros).
La création de lignes de bus à haut niveau de service (BHNS) semble également être en perspective. S’exprimant dans les médias locaux au mois d’octobre, le Ministre des Travaux Publics et des Transports Boudjema Talai a annoncé des projets de mise en place d’un système de BHNS à Alger, financé hors budget de l’Etat.
Selon M.Talai, le BHNS offrira les mêmes avantages que les réseaux de métro et de tram existants en termes d’offre de liaisons et de fiabilité mais à un coût au kilomètre moins élevé. Une étude de faisabilité a déjà été lancée pour la réalisation d’une ligne BHNS pilote qui relierait le centre de la capitale à l’Aéroport Houari Boumediene.
Nouvelle autorité des transports urbains
Le renforcement des politiques de transport en commun et de transport urbain fait suite à l’annonce par le gouvernement en 2015 du dernier plan quinquennal de développement qui assignait un budget de 832,7 milliards de dinars (7,2 milliards d’euros) à des projets d’extension et d’aménagement des infrastructures jusqu’en 2019.
Malgré des recettes pétrolières à la baisse, le gouvernement a continué à accorder en priorité des financements à des projets clés, mais il a également commencé à se pencher sur l’amélioration des résultats du secteur des transports par le biais de réformes structurelles.
En octobre, M.Talai a annoncé la création d’une autorité des transports urbains qui sera initialement chargée d’organiser les transports dans la seule ville d’Alger mais qui devrait à terme voir ses activités étendues à l’échelle nationale.
La nouvelle entité supervisera les projets d’extension et d’amélioration des infrastructures et des équipements de transport urbain, assurera une intégration des moyens de transport urbains et régionaux et procèdera à la mise en place d’un système de billet unique.
L’interopérabilité des systèmes billettiques s’inscrit dans une stratégie de création d’un réseau de transport en commun intermodal à Alger, où a été lancé en 2016 un abonnement mensuel permettant d’emprunter les lignes de bus, de métro, de tram et de téléphérique pour la somme de 2500 dinars (21,45 euros).